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L'enfer du jeu

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.............................................................................................  (37ème épisode)

 

Christiane, qui, en dépit de ses problèmes psychologiques inhérents à une enfance douloureuse, montrait une apparence enjouée et dynamique, était devenue irascible et taciturne. Tarek, occupait toutes ses pensées. Pas dans le bon sens du terme… Sa conduite, déconcertante, la chamboulait. En fait, l’homme était égoïste, paresseux, menteur, coureur, flambeur… Sa philosophie était la suivante « Rien n’est grave ; sauf la mort !! » Ca se discute… Chacun son point de vue ! Dans la mesure où cette position l’arrangeait, il se déchargeait de toutes les responsabilités, auxquelles tout individu normalement inséré dans notre société, est un jour ou l’autre confronté. Tarek se laissait porter par le vent, en occultant tous les dégâts qu’il faisait sur son passage. Le jeu, « le bizness », comme il aimait le dire, était sa seule doctrine. Par ailleurs, l’amour n’excuse-t-il pas tout ? L’amour n’endure-t-il pas tout ? Bien que l’amour, aussi, espère tout… Tarek, était le Diable en personne ; malin, intelligent, dévoyé, manipulateur et souvent séduisant… Christiane, captivée par son enveloppe et ses faux artifices, était tombée dans le panneau, tel une colombe tombe entre les serres d’un aigle. Ce qu’elle ignorait, c’est que le Diable, énigmatique, ne s’habillait pas en Prada mais se paraît d’un habit nébuleux, afin de mieux tromper son monde. Il allait l’anéantir et la vilipender.

 

D’ores-et-déjà, alors qu’elle ne connaissait rien à la vie, Christiane, allait devoir faire une croix sur la vie de famille dont elle avait toujours rêvée. Quand Tarek décidait de ne pas rentrer à la maison, il ne prenait pas la peine de prévenir sa maîtresse. Si son intention était de rentrer, il lui téléphonait en disant « J’arrive dans une demi-heure » et il arrivait trois heures après. Sa conception du temps, différait-elle, de ses contemporains ? Christiane, la gorge serrée, le cœur comprimé entre les griffes de la bête, tournait en rond dans l’appartement, les yeux rivés sur la pendule. Lorsqu’il arrivait – enfin – elle ne mâchait pas ses mots. Les reproches pleuvaient telle une ondée dans un ciel bleu. Ce dernier, pragmatique, ne répliquait pas. Ses raisons ne variaient pas. Il était au cercle ou il avait eu un rendez-vous qui avait duré plus longtemps que prévu… Afin de temporiser et de se faire pardonner, il la prenait dans ses bras et c’était reparti pour un tour !

 

Hors ces périodes où il craquait tous ses gains dans les tripots, dans les cabarets, ainsi qu'avec des femmes, il y avait des périodes de vaches maigres qui pouvaient durer une semaine et plus. « En ce moment, je suis noir, noir !! » déplorait-il, en marchant sur des œufs. Vers huit heures, parfois plus tôt, il était à la maison. L’air déconfit, il déposait son manteau, investissait le Rocking-Chair en osier et dépliait son journal, qu’il commençait à décortiquer. Christiane, les nerfs en pelote, détestait son attitude de rentier ou de propriétaire terrien. Comme eux, il n'ignorait pas – quoi qu’il arrive – qu’il pouvait compter sur la chaleur d’un foyer et sur une bonne table. Christiane savait qu’il était raide, fauché… Bien qu’il gardât, autant faire se peut, un billet de cinq cents francs caché au fond d’une poche ; en prévision du taxi et du P.M.U. du lendemain ! Le fait de l’observer ainsi, calme, impassible, insondable, lui mettait les nerfs en pelote. La rage lui montait à la tête. En son for intérieur, elle savait qu’il n’était pas là pour profiter de sa présence mais pour une seule raison ; il s'était fait déplumé aux courses ! Ca, elle ne pouvait le supporter ! Tout revenait en surface. Les soirées passées seule à pleurer, les déceptions, les promesses non tenues, etc. Un volcan en fusion faisait bouillir son sang. La colère lui obstruait la gorge. C’est ainsi que le volcan se réveilla. Bafouillant de colère et écarlate, les griefs fusaient de sa bouche, sans qu’elle puisse les retenir. Qu’est-ce qu’il croyait ; qu’elle était assez gourde pour entretenir un mec ?

 

De ses gains, souvent conséquents, elle n’en voyait pas la queue d’un kopek ! Uniquement quand il en avait envie ; un ou deux billets de cinq cents qu'il lui balançait comme une offrande ! Sinon, hormis les restaurants et les rares sorties, rien ! Monsieur se prélassait sur le salaire de Christiane. Trop facile… Elle payait tout. Les courses, le loyer, toutes les factures ! Non, elle ne pouvait le tolérer ; ce n’était pas inscrit dans ses gênes ! Pendant ces coups de gueule que tout l’escalier aurait pu retranscrire à la lettre près, Tarek, tout en soupirant de lassitude, restait de marbre. Impassible, il se concentrait sur son journal, qu’il feuilletait sans relever la tête. Une attitude qui exacerbait la fureur de Christiane. Le répertoire du jour étant épuisé, elle s’arrêtait, accablée de fatigue, la bouche sèche d’avoir trop crié et… fondait en larmes. Tarek, sensible à son état désespéré, quittait son cher fauteuil, pour l’attirer contre lui. Inconsolable, elle se pelotonnait contre sa poitrine, en y déversant toute sa détresse.

 

Fin juillet, il lui annonça qu’il partait un mois à Deauville, avec sa femme et sa fille. Deauville, au mois d’août, est la ville hippique où tous les riches propriétaires de chevaux, se pavanent dans les palaces. Il lui précisa que le Roi d’Arabie Saoudite étant présent avec son immense famille et suivi de sa cour, il ne pouvait en aucun cas déroger à ses obligations. L’emmener ? Hors de question ! Une femme au champ de courses… Inconcevable !! Christiane, eut beau insister, pleurer, hurler, rien n’y fit ! En outre, de se savoir évincée par Christelle, sa femme légitime et maman du fruit de leurs amours, la rendait folle de jalousie !

 

L’Eté 1984, fut beau et chaud.

 

Mon Essentiel, indifférente au soleil qui se reflétait sur la Seine, restait allongée sur son lit à longueur de temps, à ressasser et à attendre que le téléphone sonnât. L'appareil, mis à portée de sa main, restait décidément muet. Les jours s’écoulaient ainsi, au rythme lancinant de la solitude et des larmes. Bien sûr, Marcel et d’autres copains, lui téléphonaient en la persuadant de se changer les idées. Or, rien n’y faisait. Elle se cramponnait à son obsession. Qu’il l’appelle enfin, pour lui dire  combien il pensait à elle et, O combien, il  l'aimait !! Cependant, si elle avait pu s'immiscer dans les détours des champs de courses, elle se serait aperçue que son amant, trop assailli par le vice qu’étaient les jeux d’argent, l’avait totalement occultée. Son amour, entraîné dans le tourbillon des courses et des nuits torrides des casinos, ainsi que des aléas de la cour du Roi d’Arabie saoudite, un seul but primait : L’oseille, les femmes et les jeux !

 

A deux cents kilomètres des plages de Deauville, station balnéaire en vogue, une jeune femme se bâtissait des châteaux en Espagne et s’étiolait peu à peu, rongée par le manque affectif et un besoin irrépressible ; l’appel des sens. Un manque qui la torturait jour et nuit : le désir de l’homme qui l’avait envoutée et pénétrée jusqu’aux abysses de sa chair. Un après-midi, plus enclavée encore dans ses obsessions, elle pensa au suicide. La dernière extrémité. Auparavant, elle se dit qu’elle n’avait plus rien à perdre ; que la vie… Elle prit son courage à deux mains, se saisit du téléphone et composa le numéro du champ de courses de Deauville. « Allo ? Puis-je parler à Tarek, s’il vous plait… ? » Ne quittez pas. Je vais le chercher ! Rien d’étonnant ! Il était connu comme le loup blanc ! Lorsqu’il prit le combiné, il était essoufflé « Allo ? « Ah, c’est toi... Tu m’en as fait une peur ! J’ai cru que Sonia s’était noyée !!

 

« L’amour est le patient architecte qui mêle l’incompréhension à la compréhension. »

 

……………………………………………………………………….. A suivre

 

Bonne fin de semaine, les blogueurs !

 

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