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Et puis, la vie continue !!

107Z

........................................................................................ (91ème épisode)

Christiane dut s’occuper de la succession. Contacter le notaire, la banque attitrée de feu sa mère, les caisses de retraite… A aucun moment, son frère Charles-Henry, ou sa sœur, Ginette, n’avaient tenté de la joindre. Pourtant, depuis 1977, mon Essentiel, habitait toujours à la même adresse et n’avait pas changé de numéro de téléphone ! Un comportement extrêmement décevant. Pourtant, le notaire, les avait obligatoirement contactés. Il leur avait soumis l’actif et le passif de la succession. Giselle, n’avait rien laissé ; surtout pas de dettes !  Ce silence dénotait parfaitement toute l’indifférence qu’ils ressentaient pour leur mère ; ainsi que pour leur sœur !! Comme le regrettait Giselle, de son vivant « J’ai réchauffé deux vipères en mon sein ! ». Pour sa défunte mère, le mépris de ses deux ainés, lui avait rongé le cœur jusqu’à son dernier souffle. Elle s’était raccroché à ce qui lui restait : Christiane qui, malgré tout, dans la mesure où sa mère l’avait fréquemment insultée, battue et laissé livrée à elle-même, dans un bouge, situé à St-Ouen et sans se préoccuper des éventuels dangers, la jeune femme aurait pu nourrir des ressentiments et agir en redresseur de torts. Or, elle avait volontiers pardonné à celle qui l’avait mise au monde. Peut-être par besoin d’amour et de tendresse. Une mère, n’est-elle pas, irremplaçable… ?

Souvent, Christiane, pensait à sœur et à son frère. Ils lui manquaient. Pourquoi se montraient-ils tous les deux, si vindicatifs, sans cœur… ? Quel épisode avait-elle raté ? Une telle haine ne peut être gratuite ! Ils avaient forcément des raisons valables…  Il était vrai que Charles-Henri, n’avait jamais pardonné à sa mère, d’avoir vendu la propriété de Pontault-Combault et ce, après la mort de Margot, sa grand-mère. Certes, ce dernier, l’avait en travers de la gorge. Jadis, à Pontault-Combault, lorsque Christiane était petite, c’était la pleine campagne. Aucune H.L.M., pas de béton, pas de délinquance. La famille, lors des grandes vacances et des fins de semaines, était entourée de leurs voisins, de fermes, de prés et de champs à perte de vue. Bien plus tard, un terrain fut vendu dans le but de faire construire une maison en préfabriqué. Deux pièces, avec un coin cuisine et une salle de bain. Charles-Henri était particulièrement attaché à ce bout de terre et à cette modeste maison. D’ailleurs, à l’époque, il y séjournait autant que possible ; souvent accompagné de son ami d’enfance. Et puis, il décida de s’y installer. Ce dernier, même aujourd’hui, aura toujours préféré la campagne, à la ville. Le jour où Giselle, après la mort de sa mère, prit la décision de vendre le terrain avec la maison, ce fut un crève-cœur pour son fils ainé. Où passa le produit de cette vente ? Dans l’achat du café-tabac-épicerie à « Les Moines » dans l’Aisne ; une région désertique et balayée par les vents ; ainsi qu’à l’achat du studio de St-Ouen, qui plus tard fut vendu en adjudication ; et, ce qu’il restait, elle le partagea entre Charles-Henri et Ginette. Au bout du compte, Christiane, fut la seule à être lésée, puisqu’elle n’eût pas le loisir de profiter de l’appartement acheté par sa mère ; de plus elle avait réglé les mensualités du crédit… A pure perte ! Cette sorte de « trahison » faisait partie des nombreux griefs que les deux ainés avaient à l’encontre de leur défunte mère. Une certitude : Giselle n’avait pas fait les bons choix. Des choix fondamentaux qui auraient pu modifier sa route. Christiane, repensait parfois à cette petite chienne qui un jour glacial d’octobre, avait perdu sa maîtresse. Elle n’avait jamais pris la peine de téléphoner au vétérinaire. Plus tard, elle apprit que la bête avait été placée chez un nouveau maître. Oui, à ce sujet, qui pourrait sembler anodin pour certains, des regrets l’assaillaient, comme si elle avait commis une faute.

Christiane était toujours au chômage. A défaut de travailler, elle pratiquait ce qu’elle aimait : la danse orientale, lors de festivités arabes ou juives. Non sans difficultés et prises de bec avec son mari, Didier, qui était obsédé par la jalousie. Aimer et posséder, ce sont deux verbes qui ne font pas bon ménage. Souvent, l’intensité de sa colère était si forte, qu’il dépassait la limite de la décence verbale. L’incriminée étant bien trop sensible et ayant tendance à se dévaloriser, elle recevait toute cette violence comme un traumatisme qui lui coupait tous ses moyens. Bien qu’elle ne laissât rien transparaître, elle arrivait sur les lieux, indisposée et tremblante. Si contrariée, si déstabilisée, que ces scènes perpétuelles se répercutaient sur sa santé. Ce qui se traduisait par un manque d’appétit, des nausées, des vertiges et des maux de ventre très douloureux. Christiane avait une vie tortueuse. Secrètement, elle espérait un jour pouvoir changer de trajectoire et accéder à la tranquillité. Son mari, était tel un mauvais génie, qui surgissait à n’importe quel moment, pour  lui gâcher la vie.

Mal dans sa peau, sans cesse tourmentée, elle consultait des voyants. Sans en abuser. C’est l’ultime espoir des gens minés par les déconvenues et torturés par leur présent. Et aussi des privilégiés qui vivent dans la terreur de tout perdre. Christiane, avait une amie prénommée Michelle, qui lui tirait les cartes à peu près deux fois par an. Elle avait hérité de ce don du ciel et familial qui, en complément de son travail fixe, était très lucratif. Et d’autres voyants connus, tels que Messieurs Alexis et Vilmont, qui avaient eu accès à la notoriété. Tous, sans restriction, la voyait partir, déménager… Finalement, il s’avèrerait qu’un jour, à l’heure dite, mon Essentiel, devrait s’attendre à un changement de vie radical. Il a longtemps, alors qu’elle était accompagnée de Lola, sa copine et qu’elles s’apprêtaient à pousser la porte du bureau de poste de la Pte de St-Cloud, une gitane lui prit la main ; presque de force… Fixement, elle la dévisagea et lui dit qu’une seule chose : « Tu n’auras jamais la tranquillité ». Et elle disparut comme elle était venue. De telles prédictions sont flippantes. A soixante-deux ans passés, Christiane, y pense encore… Les années passant, elle peut affirmer une seule chose : elle n’a même pas pu accéder à une accalmie de l’esprit. Même pas un sursis.

Cette maudite année 1996, se termina sur une perspective de travaux de rénovation des H.L.M. de Paris, qui devaient avoir lieu dans l'immeuble de ma Préférence à moi. Ces travaux, devaient à plus au moins brève échéance, aboutir à une augmentation assez conséquente des loyers. Au regard de ce que Christiane et son mari, avait déjà effectué comme transformation dans leur appartement de deux pièces (une cuisine aménagée, une vraie salle de bain, l’électricité, plomberie, ballon d’eau chaude), il était relativement injuste de subir cette hausse de loyer.

........................................................................................ A SUIVRE

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