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Sophia et la danse.

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……………………………………………….........................70ème épisode

 

Pour ma Préférence à moi, tout était synonyme de tracas ; comme si le destin avait comploté contre elle, en érigeant sur sa route, un barrage gigantesque. Y avait-il un contentieux entre eux ? Toujours est-il, que pour Christiane, rien ne se passait de la façon dont elle l’aurait souhaité. Les blocages inhérents à son enfance qui la freinaient, son mari, qui l'entravait et vampirisait sa vie, sa belle-famille qui la rejetait, son frère et sa sœur qui à présent, l’ignoraient, Lola, la copine source à problèmes, son boulot qui lui pesait et puis, la danse orientale qui était un challenge permanent. Son seul bonheur, c’était sa fille. Depuis sa dernière prestation à Melun, en duo avec Sophia la marocaine, elle ne décolérait pas. Les manières fallacieuses que cette fille, exerçait à son endroit, la révoltait.


Pourtant, lorsque Christiane l’avait vue pour la première fois, elle n’avait pas été frappée par son physique avantageux. Un visage trop typé aux traits grossiers, une poitrine inexistante et un bassin peu développé par rapport à des cuisses et des jambes empâtées. Elle avait alors trente-deux ans. C’était à croire qu’elle ne s’était jamais regardée dans une glace. D’ailleurs, chez elle, les glaces à pieds étaient inexistantes. Un miroir accroché dans la salle de bain, lui suffisait à se maquiller et à se coiffer. De plus, elle ne mesurait qu’un mètre cinquante-huit ! C’est simple ; alors que les deux partenaires auraient dû se soutenir, s’entraider, c’était tout l’inverse… Christiane se sentait sans arrêt molestée et jalousée ; toujours en compétition... De plus, cela crevait les yeux ; Sophia, n’avait jamais appris à danser ! Bien qu’elle s'en défendît, elle ne pouvait inventer la technique que Christiane, avait acquise aux cours de danse. Par exemple, « les tremblements ». Comme le nom l’indique, il faut savoir coordonner les mouvements du corps, des bras et des pieds, en faisant trembler son bassin et ce, en gardant son buste statique. Christiane avait appris à maîtriser et à isoler chaque partie de son corps. Lorsqu’elle se donnait à fond sur la piste de danse, le public l’applaudissait volontiers. Il n’était pas rare qu’on sollicitât ses coordonnées. Curieux, les gens voulaient connaître ses origines et où elle avait appris ainsi à danser. Il était vrai, qu’avec son maquillage et ses longs postiches, cette dernière, pouvait passer pour une arabe. Ce succès attisait le mauvais fond de sa rivale, qui ne se privait pas de la diminuer physiquement, en lui jetant des petites piques qui, évidemment, faisaient mouche à chaque fois !


Sophia, n’était pas seulement jalouse mais, était également envieuse. Mon Essentiel, en dépit de sa vie tortueuses et de ses déconvenues, tenait à se montrer toujours digne et élégante « Vaux mieux faire envie que pitié… » Dit l’adage. Quand elle arrivait à la gare de Combs-la-Ville, haussée sur ses escarpins ou sur des bottes en cuir et vêtue de son manteau de fourrure en renard noir, Sophia ne pouvait s’empêcher de la détailler de la tête aux pieds, avec une pointe de convoitise dans le regard. Pourtant, ce n’était pas faute d'être généreuse… Christiane, lui avait déjà offert trois paires de chaussures neuves et des vêtements… Qu’elle avait acceptés sans la moindre démonstration de reconnaissance. Des gestes qu'elle considérait sans doute comme normaux ! Toutefois, si elle avait su être sincère et transparente, sans être mesquine, elle aurait pu compter sur une amie ; une vraie !


Christiane, regrettait qu'il en fût ainsi et sa  façon d’être, la chagrinait. Elle était aussi intéressée, cupide et aussi rapiat, qu’Harpagon. Un jour, Christiane, appris que sa partenaire avait un costume de danse orientale à vendre « jaune citron », avec tous ses accessoires. Mon Essentiel, lui proposa de lui échanger contre un de ses nombreux costumes, dont un « rouge » magnifique. Après un temps de réflexion, Sophia, accepta la transaction. Le soir même, de retour chez elle à Paris, Christiane décrocha le conbine du téléphone, qui sonnait. La fille avait changé d’avis et voulait récupérer le costume qui, virtuellement, ne lui appartenait plus. « Les paroles se perdent, les écrits restent ! ». Que faire ? A juste titre, Christiane, lui répondit d’un ton sec, qu’elle ne lui avait pas forcé la main et que, puisqu’il en était ainsi, elle lui proposait de l’acheter pour la modique somme de trois mille cinq cents francs (pas donné !). Son interlocutrice répliqua qu’elle allait y réfléchir. Le lendemain aux environs de quatorze heures, alors que Christiane rentrait à son domicile, elle vit se profiler la silhouette de Sophia, qui poirotait depuis des heures devant l’immeuble. Peut-être par manque de confiance, elle avait cru bon de palper l'argent frais du produit de la vente. Lorqu'elle vit arriver sa partenaire, elle se précipita à sa rencontre et lui avoua qu'elle tenait à l'accompagner jusqu’à la Caisse d’Epargne. Gonflée ! Non ? Celle-ci, décidément « bonne pâte » acquiesçât. Mon Essentiel, n’oubliera jamais les yeux de Sophia. L'avidité de son regard, quand le caissier tendit la liasse de billets, à Christiane. Comme si cette dernière avait été "la poule aux œufs d’or..."


Quelques mois après, Sophia mis en vente un costume blanc que Christiane adorait. A maintes reprises, mon Essentiel, avait lourdement insisté pour que la marocaine, lui vende ; même au prix fort ! Et, avait-elle renchérit, "que le jour où elle déciderait de s’en débarrasser, elle le lui fasse savoir. De nature opiniâtre, Christiane, était prête à négocier... Certainement par pure méchanceté, Christiane apprit par hasard, que Sophia avait vendu le costume blanc, à une autre danseuse ! Visiblement, cette fille lui en voulait !!!


Ce milieu était malsain. Comme tout le monde du spectacle… L’égo des danseuses était surdimensionné et ceci expliquant cela, était facteur de coups bas, d’hypocrisie et de trahison. Christiane, qui dansait pour l’amour de la danse et aussi pour arrondir ses fins de mois, avait été confrontée à ses dépends, à l’orgueil démesuré de ces danseuses qui, en majorité, étaient d’origine maghrébine. Surtout, marocaine. Des filles qui auraient vendu père et mère pour de l’argent et qui était naturellement, fourbes et redoutables. En outre, de part leur attitude en tant que danseuses aux mœurs plus que légères, « la danse du ventre » avait une réputation sulfureuse qui nuisait à Christiane. « Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es ». Comme dans une arène, où le plus fort dévore le plus faible, la concurrence était déloyale et féroce. Dans les cabarets arabes, selon les dires de Kamel, son ex, certaines danseuses ne rechignaient pas, en échange d’un ou deux billets de cinq cents francs, à se glisser sous la table… Le lecteur comprendra aisément pourquoi Kamel, le père de sa fille, était également contre la danse orientale ; pour sa femme, mais pas pour les autres !


Un dimanche, Sophia, fit fort. Grippée, elle avait demandé à Christiane, si elle pouvait la remplacer lors d’une soirée prévue la veille au soir, dans un restaurant turc situé près de chez elle, en Seine-et-Marne. Malgré les dissensions que cela allait engendrer au sein de son couple, Christiane, avait accepté. Son mari avait consenti à l’accompagner et, pour une fois, n’avait pas trop râlé pendant le trajet. Au bout d'une heure, Christiane avait rejoint S.A…, qui l’attendait dans sa voiture, enchantée et satisfaite de sa prestation, Elle allait s'engoufrer dans le véhicule, quand elle vit le patron du restaurant, se presser dans sa direction. Ce dernier, tenait particulièrement à la féliciter et, la pria de noter son numéro de téléphone. En fait, il lui demandait de suppléer Sophia, pour des raisons qui lui était propre. Christiane, encore naïve, trop pure et trop intègre, leva un regard outragé vers l’homme et objecta que, bien qu’étant désolée, il n’était pas dans ses habitudes de voler le pain des copines ! Avec le recul, permettez-moi de penser que le tenancier du restaurant, a très certainement considéré son refus comme stupide, ainsi qu'une rebuffade à son encontre.  Le lendemain, effectivement, le résultat ne se fit pas attendre. Sophia, la joignit tout exprès au téléphone, pour la cribler de reproches et rajouter, que son client n’avait pas du tout été satisfait de sa prestation ! Judas n’était qu’un enfant de cœur, à côté d’une telle femelle, dépourvue de tout sens moral…


Question mentalité, on ne se refait pas ! En ce qui concernait ce genre de fille, c'est toute une éducation qui était à refaire. Christiane, à son âge déjà avancé, n’avait pas encore saisi le fonctionnement des règles humaines et ne se doutait pas, qu’elle pût passer pour une béquasse. Brahim, le patron du restaurant où elle dansait chaque week-end à Bougival, lui répétait assez souvent « Shanaze, tu n’es pas une danseuse comme les autres ! ». Il avait raison et d’ailleurs, il ne le disait pas, mais il le déplorait. Tout cela pour vous dire que Monsieur, qui était marié à Fatima et qui avait trois enfants, avait déjà fait des avances à sa danseuse. Une cour effrénée et insidieuse qui se traduisait pas des éloges, des flatteries et des œillades appuyées, qui la laissait interrogative et mal à l’aise. Ce que mon Essentiel déplorait le plus, c’est que cette danse égyptienne, si respectée jadis, fût dénaturée et bafouée par des filles sans scrupules, dévoyée et prête à tout pour réussir dans ce milieu. Dans le bisness que représentait la danse orientale, ce qui primait, c’était le jeu de séduction de la danseuse, son costume qui devait être plus clinquant possible et son physique. Si possible, jeune, grande, élancée et une frimousse craquante. Quant à l’art, la technique, la grâce, la façon de se déplacer, c'était secondaire ! Personnellement, j'ai de mes yeux vu, lors de soirées fastueuses, des danseuses qui ne se mouvaient partiquement pas sur la piste, pour la bonne et simple raison, qu'elle n'étaient absolument pas douées pour la danse. En dépit de cela, les billets de cinq cents francs pleuvaient pour aller se coincer entre les bretelles de leurs soutiens-gorge...


Toutes ces années où Christiane se sera battue pour allier spectacles de danse, emploi et vie familiale, auront été un exploit ; dans le sens où personne ne l’aura soutenue ni aidée. En dépit des crises de jalousie de son mari, de son caractère buté, de ses remarques incendiaires, Christiane n’avait rien lâché. Brisée par la fatigue, minée par les scènes de ménage, laminée par la dépression et les crises de foie à répétission, elle ne s’écoutait pas et avançait coûte que coûte. De tout ce qu’elle aura vécu au travers de ce métier qui selon son époux, n’en n'était pas un, elle aurait pu écrire un livre dans lequel elle aurait pu dénoncer, révéler les dessous de ce monde peu reluisant.


Justement, à se sujet, une anecdote s'impose à ma mémoire. C’était lors d’un spectacle qui devait avoir lieu dans le trou du cul du monde ; bien au-delà de Combs-la-Ville. Un restaurant spécialisé dans les mariages et les fêtes de tout genre, que Sophia fréquentait. Les deux partenaires s’étaient convenus de danser en duo et, en deux ou trois passages. Un dimanche soir ! Il ne manquait plus que cela, avait ronchonné S.A…. dans sa barbe. Entre deux spectacles, il n’était pas rare que les danseuses attendent une heure ou plus entre chaque chorégraphie, suivant les exigences des clients et des musiciens. Ce soir là, ce fut la totale ! S.A., qui était garé assez loin du restaurant, bouillait d’impatience dans son véhicule. Christiane, le connaissant, savait que ça allait péter d’un moment à l’autre. Afin de le rassurer et de le calmer, elle l’avait rejoint à deux reprises, pour lui faire comprendre que c’était certes long, mais que ce n’était pas de son ressort ! Finalement, aux alentours de deux heures du matin, Christiane rejoignit son mari, chaperonnée de Sophia, qu’elle tenait à lui présenter. La pauvre fille, n’eut pas l’occasion de le saluer car, aussitôt qu’il l’eût aperçue, il sortit comme un fou de sa voiture, pour la traiter de tous les noms tels que "salope". Pour S.A..., aveuglée par la haine, il fallait une coupable. Sophia, fut le souffre-douleur désigné par Monsieur, qui après avoir déversé tout ce qu'il avait sur l'estomac, avait réintégré sa place de chauffeur et démarré en chapeau de roue en laissant sa victime, ahurie et choquée. Christiane, mortifiée et honteuse, aurait voulu disparaître ! Et ceci n’était qu’un aperçu de ce dont était capable son mari, pour afficher sa répugnance pour la danse orientale et ses danseuses…

 

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