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Prélude à un entretien

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……………………………………………………………………… 64ème épisode

 

Le couple Demy, désormais marié, avait définitivement intégré l’appartement du 16ème arrondissement. Mon essentiel, gardait de la cérémonie, une aigreur acide dont la réminiscence resterait incrustée dans le temps. L’odieuse légèreté dont Lola, avait fait preuve lors dîner et en présence de sa famille et de ses amis, lui restait en travers de la gorge. Cet individu, un Patrick, qu’elle avait eu la faiblesse de lui permettre d’inviter, était l'amant de Lola. Un homme marié qui n'avait à lui offrir que des restes et des amours à la sauvette. Cette dernière, avait dégoté un studio de poupée (17 m2) en Seine-Saint-Denis, qu’elle payait une petite fortune. Une situation très inconfortable, au vu de la distance et du prix, qui la rendait irascible avec entourage, ainsi qu’avec ce dernier, à qui elle rendait la vie impossible. Les sujets d'affrontements étaient récurrents : la jalousie et le mépris affiché pour l’épouse trompée, à qui elle menaçait de tout révéler. Lors de ses crises, Lola se roulaient parterre dans la rue, hurlait comme une dératée et insultait son amant copieusement et ce, devant les passants stupéfaits. Ce qui s’était passé pendant le repas du mariage, n’avait été qu’un léger aperçu, de ce qu’elle était capable ! Par ailleurs, Christiane, une fois aa colère passée, oubliait et pardonnait. Et c’était reparti !

 

Suite à un courrier de l’A.N.P.E., qui lui avait bruquement  proposé un poste de secrétaire, auquel elle ne s'attendait pas - tout du mois à cette période de l'année -, Christiane, accompagnée de sa copine Lola, se rendit à son rendez-vous, sis 32, avenue Victor Hugo, au deuxième étage d’un  immeuble de style haussmannien, situé entre l’Etoile et la place V. Hugo. C’était toujours avec une boule d’anxiété, axée au niveau du ventre, que la jeune femme se rendait à des entretiens. Peu sûre d’elle-même, avec une réelle disposition à se dévaloriser, s’est les jambes flageolantes et cœur battant, qu’elle arriva devant le lourd portail de l’immeuble.

 

Bien sûr, Lola, eût la consigne de l’attendre à la terrasse d’un café, juste en face de la société. Christiane monta les deux étages aux larges marches tapissées, prit son courage à deux mains et sonna. L’homme qui vint lui ouvrir la porte l’accueillit, avec un large sourire. – Bonjour, Monsieur, Mme demi… Je viens de la part de l’ANPE ; j’ai rendez-vous pour un entretien. – Ah oui, en effet, enchanté… répondit L’homme, en lui tendant la main. Son dehors était très avenant. Il lui fit signe de le suivre jusqu’à son bureau, s’effaça pour la laisser passer et lui proposa se s’installer sur un fauteuil, disposé à cet usage. Aveuglée par le soleil qui inondait la pièce, Christiane, cligna des yeux sous l’effet de la lumière. Ce dernier, après s’être levé pour baisser le store, se présenta comme Monsieur Baryton, le secrétaire général de l’entreprise. Discret, il ne s’attarda pas sur l'apparence de Christiane, mais lui décocha un bref regard, non dénué d’une pointe d’amusement. Toujours avec un vague sourire aux lèvres, il lui posa les questions spécifiques à un entretien d’embauche. Lorsqu’il, lui demanda si elle connaissait le traitement de textes et si elle avait déjà touché à la comptabilité, elle lui répondit, avec une assurance appuyée « Non, jamais ! ». Son interlocuteur haussa alors les épaules d’un geste fataliste. « Hé bien, vous apprendrez ! ». Elle leva vers lui un regard lumineux, où se mêlait à la fois, de l'espoir et de  l’étonnement. « Vous pouvez commencer quand ? », lui demanda-t-il, en compulsant son agenda. D’une voix à peine audible, elle lui répondit « Pas avant début septembre… ». Elle fit mine de fouiller dans son sac pour se donner une contenance. Or, Monsieur Baryton, nullement déstabilisé, se leva de son siège en ayant cette répartie inattendue « C’est parfait ! Vous aurez une réponse dans les quinze jours ». Et il enchaîna, en lui souriant toujours « en fonction des autres candidates…bien sûr ! » Christiane déplia ses jambes, prit son sac et se dirigea vers la sortie. Monsieur Baryton, tout aussi chaleureux, l’accompagna jusqu'à la porte en lui souhaitant de bonnes vacances et… à bientôt. Elle redescendit prestement les deux étages, le cœur allégée d’un grand poids et avec une sensation de déjà vu. Elle rejoignit sa copine qui s’impatientait. – C’est curieux, lui lançât Christiane, à la volée, « mais, quelque chose me dit et c’est presque une conviction, que je vais être embauchée ! Pourtant, j’aurais fait le maximum pour l’en dissuader… »

 

Effectivement, en dépit de ses réticences à travailler dans un bureau d’expertise comptable, deux semaines après, Christiane recevait une réponse positive. Les premiers mois, le salaire ne serait pas mirobolant ; toutefois, comme lui avait précisé Monsieur Baryton, il y avait des possibilités d’évolution. A l’écoute de ce courrier d’embauche, son mari  ne chercha pas à masquer  le soulagement que cette nouvelle lui apportait. Un souci, un boulet en moins… Comme la fin d’un asservissement. En tout cas, c'est ce que Christiane, pressentit. Ce travail allait très certainement mettre un terme aux injonctions de sa famille, qui ne cessait de lui rabâcher que sa femme n’était qu’une feignasse qui l’avait harponné pour vivre à ses crochets. Son époux était un livre ouvert. En dépit de son caractère renfermé et sournois, elle avait appris à décrypter les hiéroglyphes de ses observations et des ces états d’âmes ; aussi muettes, fussent-elles.

 

« Tout le monde a en soi une bonne nouvelle. La bonne nouvelle, c’est qu’on ne sait pas de quelle grandeur on est capable, combien on peut aimer, ce qu’on peut accomplir ni quel est notre potentiel ! » Anne Frank (1929-1945) Allemagne.

 

Cette année là, le couple reprit le bateau en direction de  la Corse. La petite, qui allait sur ses quatre ans, accompagna ses parents sans geindre pour un rien et sans solliciter en braillant, sa nourrice. L’enfant, qui fut enchantée par les splendeurs de l'île ainsi que par l'emplacement des bungalows, construits juste au-dessus de la mer et qui était propice aux jeux de toutes sortes, apprivoisa très vite Mario et épouse londonienne. S.A..., qu'elle appelait "papa" l' emmenait volontiers  faire des virées et à la pêche, qu'elle adorait. Il lui avait d’ailleurs acheté le matériel à adéquate. Christiane, perturbée par ce qui l’attendait à la rentrée, passa des vacances stressantes où son quotidien était centré sur sa fille. En effet, la gamine, loin d’être farouche, se faisait des copines de toute nationalité et avait tendance à s’éloigner de l’endroit de plage où sa mère était installée. Christiane, tarabustée pour tous ses enfants qui disparaissait et qui se noyaient, faute de la surveillance des parents, ne quittait pas sa fille des yeux. Ce qui limitait ses bains de soleil…

 

...................................................................................................................... A suivre

 

A plus, les blogueurs....

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