......................................................... 2ème épisode
La famille DUVERNY, ainsi que ses trois enfants, habitaient au premier étage d’une H.L.M., de Paris 18ème. Trois pièces, sans entrée et sans salle de
bain, avec des cabinets à la « turc ». La toilette, qu’elle fût intime ou non, se faisait dans l’évier… Un étroit balcon donnant sur une cour servait à étendre le linge et à entreposer des
objets hétéroclites. Christiane, ainsi que ses ainées, partageaient - non sans chamailleries - une chambre exiguë et particulièrement glaciale les mois d’hiver. Pour cause : elle était
attenante à celle de leurs parents et ceux-ci, tenant à préserver leur intimité, étaient seuls à profiter du poêle à mazout qui ronronnait toute la nuit. Chaque matin, les gosses se ruaient
vers la porte d'entrée, qu’ils s’empressaient d’ouvrir ; laissant ainsi échapper la chaleur bienfaitrice qui leur faisait cruellement défaut. Ah ! Ce n’était pas Noël tous les jours ; c’est
le moins que je puisse dire ! A cette époque, certes bénie à certains niveaux, c’était « Niet » pour les aides de toutes sortes susceptibles d’être versées par l’Etat providence ! Il fallait
s’assumer, se prendre en mains et se bouger le popotin, pour aller gagner sa croute. Pour celui qui cherchait du travail en rêvant de ne pas en trouver, il n’y avait pas d’autres alternatives que
d’aller crever sous un pont ! Bref, les mois et les années s’écoulaient, entrecoupés d’engueulades incessantes, de punissions, de coups et de traumastismes d'enfants ; des enfants qui se
terraient dans leur chambre en se bouchant les oreilles.
Pourtant, Gisèle et Marcello, s’étaient jurés fidélité ; et tout et tout… devant Monsieur le Maire, puisque que l’Eglise leur avait été interdite.
Mademoiselle, ne jouait pas que du blues mais, avait caché l’essentiel à ses parents. Ayant fauté avec Marcello, un jeune homme rencontré au bal, elle s’était découverte enceinte.
De Charles-Henry, le S.S. en herbe, qui vint au monde le 24 décembre 1944. Atterrée, la future mère, dut se résigner à tout balancer à ses parents. Faute avouée, à moitié
pardonnée… ? Fallait pas rêver ! Après un bon savon, ses derniers, signifièrent à l’origine de leur malheur, ledit Marcello, d’épouser leur fille sur le champs ! Les parents du fruit défendu,
tous les deux âgés de dix-huit ans, s'engagèrent sans grand enthousiasme dans l’aventure du mariage. C’était ainsi. «Tu es enceinte de ce garçon ? D’accord. »
«Es-tu consciente de la honte que tu nous infliges… ? Eh bien, ma fille, maintenant, il te faut assumer. Il ne te reste qu'une chose à faire ; épouser le père de
l’enfant. Tu as entendu ?? » Et pas question de répliquer… Charles, le père de Gisèle, un militaire de carrière qui s'était battu lors des colonies françaises, était
impartial. C’est ainsi, que Gisèle, enceinte jusqu’aux dents, épousa Marcello le 06 juin 1944, pour le meilleur et surtout... pour le pire !
L’argent était une denrée rare au sein du foyer. Les tournées que Marcello payaient pendant le temps passé au troquet, n'étaient pas données ! Aussi, la cadette, pendant les vacances scolaires, était expédiée en colonie de vacances chez les bonnes sœurs. Ouf, une bouche de moins à nourrir ! Mauvaise pioche car, la petite, avait une peur viscérale de tout ce qui correspondait, de prés ou de loin, à des religieuses. Terrorisée, elle faisait des cauchemars et se réveillait mouillée… Plus tard, Gisèle, eut l’opportunité de l’envoyer passer les vacances scolaires, chez des paysans du Doubs. Les « Maillaux », étaient de braves gens, sans problème, gentils avec les enfants, honnêtes et travailleurs. Chez eux, Christiane, telle une jeune pousse pressée de grandir, ne cessait de s’épanouir. Elle devenait enfin une petite fille comme les autres, sans anxiété particulière, heureuse de jouer avec les enfants de son âge. Jadis, au début des années soixante, les étés étaient chauds et ensoleillés. Le soleil, offrait sans compter ses rayons bienfaisantsaux pensionnaires qui séjournaient chez ces paysans. Les après-midis au cours desquels les fermiers travaillaient aux champs, les enfants, installés à l’ombre d’un arbre, pique-niquaient, jouaient à la poupée, ou bien s’amusaient à observer le ciel, en comptant les nuages. Les crises de foie, les diarrhées, les boules à l’estomac et le troufignon à zéro, n’étaient plus qu’un mauvais souvenir ! Entourée de nature et d’animaux, le quotidien de Christiane, semblait plus attractif et plus serein. Cependant, au tréfonds de son âme, elle savait parfaitement que tout n’était qu’illusion et que, comme on le dit souvent, « c’était reculer pour mieux sauter ».
Un fait incontournable la taraudait : son retour au bercail.
…………………………………………………………… A suivre
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