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Vive la vie !

064è

 

.................................................................................. 17 ème épisode

 

Malgré elle, (??) mon absolu était devenue la maîtresse de Didier D. Tout le monde sait que les murs ont des oreilles et des antennes. Ceci expliquant cela, le marchand de tapis et moquettes qui avaient pignon sur rue en bas de chez Christiane, se chargea de vendre la mèche, à Juste. Comment le commerçant l'avait-il appris ? Dieu seul le savait ! Le téléphone arabe… ? Très certainement. Les mauvaises langues sont toujours friandes d’histoires croustillantes ! Juste, l’unique fautif qui avait tout provoqué, rentra un soir furieux, en vociférant sur sa compagne. Il ne manquait pas d’air !! Qui sème le vent, récolte la tempête !! Qu’est-ce qu’il lui avait pris à cet imbécile heureux ! Est-ce que l’on pousse celle que l’on tient à garder, dans les bras du premier venu ? Après quelques empoignades intempestives et autres propos scabreux, le jeune couple se résolut à trancher en faisant la paix et en mettant Didier au placard. Juste, finit par admettre qu’il avait joué avec le feu et se convainquit que cette légère incartade, était due à un égarement passager. Christiane, en guise de consolation, se souvint de l’adage suivant :

« Dès qu’un homme s’imagine être intéressant, il cesse de l’être… ».

 

D’autant plus, qu’une bonne nouvelle venait de sortir de la boîte aux lettres : Giselle et Bernard étaient de passage à Paris. Christiane n’en croyait pas ses yeux. Sa mère, après des mois et des mois de silence, manifestait ses regrets et son chagrin, à sa fille. Ce qui était plus efficace que n’importe quelle analyse de tous les psys du monde !! Un élixir magique ! Cela faisait un bail qu’elle n’avait pas ressenti une telle délivrance et un tel bonheur. Elle était transformée, métamorphosée… et ça se fête ! affirma-t-elle à son compagnon en lui adressant un large sourire. Du coup, mon Essentiel, parfaitement requinquée, se sentit pousser des ailes. Avant tout, elle concrétisa une idée qui lui trottinait dans la tête, depuis pas mal de temps. Elle se promit de présenter sa démission à son employeur, la Caisse de Retraites des Agents Immobiliers, rue Fortuny, où elle travaillait depuis trois ans. Après mûre réflexion, elle postula pour un poste de secrétaire, au sein d’une grande société Holding, dont le siège se trouvait à la Défense.

 

Comme les bonnes résolutions n’arrivent jamais seules, Gisèle, rouge d’émotion et en larmes, serra sa cadette contre sa poitrine, en sollicitant son pardon. Au cours de l’apéritif, avec une mine catastrophée, Giselle, lui apprit que l’appartement de la rue des Rosiers, devrait se libérer avant la fin de l’année car, enchaîna-t-elle, la liquidation judiciaire était en route. Pas grave ! Répondit Christiane, décidément enjouée. De toute manière, depuis le fameux incendie, les arrivées de gaz étant raplapla, il n’était pas envisageable que Juste et elle-même, passent l’hiver sans chauffage ! Ils déjeunèrent en famille chez Monsieur Coudy. Giselle, tout en étreignant sa cadette, lui confia que pendant des mois, elle avait été sujette à des crises similaires appelées « spasmophilie » et qu’elle avait dû être hospitalisée. Une telle similitude, n’était pas croyable ! Logique : les retrouvailles furent arrosées au-delà du raisonnable et chacun s'enlaça, en jurant de se revoir au plus vite.

 

Dès le mois d’avril 1976, le temps se fit anormalement chaud. Dans l’appartement minuscule, situé sous les toits composés de plaques en tôle, la chaleur était suffocante. Le couple mangeait et dormait avec un atomiseur d’eau fraîche à portée de la main. Christiane, reçut enfin une réponse à sa lettre de candidature, dans laquelle il lui était proposé un entretien d’embauche. Paris/La Défense, avait été construite aux abords de Puteaux. Une multitude de tours disparates qui rappelaient celles de New-York, surgissaient de toutes parts en semblant mordre le ciel. D’immenses espaces verts, enjolivés de parterres de fleurs multicolores et une architecture d’avant-garde, donnaient le sentiment d’avoir été propulsé dans un film de science fiction. Tout l’ensemble, avec ses statuts loufoques et ses tours en construction, avait tout de suiste impressionné et séduit la jeune femme. Le siège de la société, « La Saga » - dont le PDG portait un nom prestigieux « Eric de R. » - s’était établie Tour Atlantique, pas très loin du R.E.R. et du « CNIT. » Après avoir traversé l’esplanade, Christiane, franchit un portique qui s’ouvrit automatiquement. A la fois épatée et subjuguée par le décor somptueux et moderne, elle se dirigea directement vers l’hôtesse d’accueil qui lui indiqua les ascenseurs. L’entretien et les tests auxquels elle fut soumise, se déroulèrent sans problèmes. Le salaire et la date d’embauche furent discutés et conclus. Mon premier, dépassait largement les précédents et mon second, fut fixé au seize août 1976.

 

L’année de la terrible canicule. Une canicule infernale où chaque jour qui se levait, était conforme au jour d’avant et, chaque lendemain qui s’annonçait, était semblable au jour suivant. Le ciel, d’un bleu intense et vierge de tout nuage, ne laissait présager aucun signe d’un hypothétique orage ou averse. Partout en France, l’eau était rationnée et les agriculteurs, les premiers concernés et contre cette mesure drastique, se lamentaient sur l'absence de pluie et prophétisaient à l’avance, le marasme économique qui allait suivre. Les soirées s’étendaient jusque tard dans la nuit. Tous les vendredis, Christiane et Juste, s’empressaient de préparer leur « baise en ville » et de monter dans la bagnole, pour rejoindre Giselle et Bernard. Cela leur faisait prendre un bon bol d’air « frais », affirmaient ces derniers. Dans le patelin, l’ambiance était festive. Tout le monde se connaissait. Le soir du 14 juillet, ce fut la totale, sur le plan des débordements de tout genre. Toutes les occasions étaient bonnes pour Gisèle et Bernard, ainsi que pour le jeune couple, de rejoindre le bar du village accolé à leur domicile (Facile, pour retourner chez soi, à pieds…). La majorité des clients, ayant obligatoirement – on le comprendra aisément - le gosier sec et en pente, prenaient d’asseau la petite terrasse, afin d’étancher leur soif au plus vite. On trinquait, chacun en payant sa tournée ; et puis on trinquait à nouveau ; à ce superbe Eté, à l’amour et à la vie qui leur paraissait sereine, imperturbable, merveilleuse et prometteuse en rebondissements.

 

En ces années soixante-dix, toutes les folies et tous les délires, étaient permis. La tiédeur des nuits échauffaient les esprits et déliaient les langues. Les mois se succédant au rythme des pays chauds, les français, tout en scrutant le firmament, s’interrogeaient. Non sans une pointe d’inquiétude, les gens se demandaient si le ciel, d’un bleu inconditionnel, redeviendrait un jour ce qu’il avait toujours été : lunatique, capricieux et imprévisible. De tout temps, les êtres humains, infiniment petits, n’ont-ils pas levé les yeux vers le firmament en implorant les Dieux de leur accorder telle ou telle chose ou, en les conjurant de bien vouloir les épargner. (De quoi ? de la fin du monde… ?) Les peurs viscérales de l’Homme, confronté à l’inconnu, au mystérieux et, à tout ce qu’ils n’arrivent pas à contrôler…

 

Le matin du seize août – un lundi – Christiane et Juste, se levèrent à cinq heures du matin, pour remonter sur Paris. Pour Christiane, il n'était pas envisageable qu'elle arrive en retard à la Défense, pour sa première journée de travail. Le moins que je puis dire, c’est que son arrivée dans les bureaux, ne passa pas incognito. Les hommes la suivirent du regard et, les femmes, la dévisagèrent en s’échangeant des petits sourires complices. Christiane fut présentée à ses collègues du service comptabilité. Le travail n’était pas compliqué ; plutôt cool. Ravie, pétillante et remplie de bonnes dispositions, elle se sentait tel un poisson dans l’eau. Le lieu, la clim, tous ces bureaux ouverts à l’américaine, l’atmosphère, ses collègues… ; il n’y avait rien à jeter ! Les regards des employés ne la perturbaient pas. Elle adorait s’afficher et être regardée. Les œillades parfois impudiques de certains collègues mâles, la flattaient et du reste, elle prenait un malin plaisir à aiguiser la jalousie de ces autres collègues féminines.

 

Comme le répétait souvent Bernard, son beau-père,

« Au diable les varices ! Que le docteur les soigne ! ».

 

............................................................................................. A suivre

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