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Gisèle, l'insubmersible

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......................................................................................................  (32ème épisode)

 

Gisèle, la reine mère, venait de prendre l’ultime décision : entamer une cure de désintoxication dans un établissement adapté. Sage résolution, pensa sa fille, mon Essentiel. L’Hôpital était limitrophe à la Porte de St-Cloud. Tous les dimanches, Christiane, accompagnée de son ami Pierre, rendait visite à sa mère. Cette dernière, revigorée par l'abstinence, ne se plaignait pas du traitement qui, selon ce qu'elle affirmait, n’était pas trop éprouvant. Il est vrai, qu'elle paraissait  guillerette et d’humeur joyeuse. Au regard de certaines confidences faites à sa jeune fille, le service de désintoxication était une espèce de lupanar où les couples se réunissaient pour forniquer la nuit. Selon les révélations de Giselle, des idylles qui prenaient naissance dans le secret des alcoves, créaient maintes intrigues et polémiques, qui s'inscrivaient à la  gazette des coeurs brisés.

 

Bientôt, Gisèle, alors que sa fille et Pierre était à son chevet, leur confia qu’elle avait quelqu’un à leur présenter. Il s’appelait René et comme elle, il était un alcoolique repenti qui dénombrait un bon nombres de cures de désintoxication, finalement vouées à l’échec. Tout de suite, on s’embrassa comme du bon pain et l’on fit les présentations. Le type n’était pas très séduisant. Environ 1,55 mètre, des petits membres, une grosse tête de chien battu. Il était réellement très attentionné envers Giselle et lui vouait indéniablement, un amour sans bornes ! Néanmoins, mon Essentiel, crut bon de mettre sa mère en garde et de lui conseiller de bien réfléchir. Giselle devait savoir les risques que cela comportait, de vivre avec un alcoolique. Un homme sobre lui aurait été préférable. Or, telle une jeune première, elle ne voulut rien entendre et persista dans son projet. Selon Giselle, il n'y avait aucun risque à ce qu’elle replonge ! Promesse d’ivrogne ??

 

Très vite, Giselle, s’empressa de donner congé à ses employeurs et emménagea à Maisons-Laffitte, dans le pavillon que possédait René. Celui-ci travaillait chez Renault et gagnait confortablement sa vie. Bref, ils avaient tout pour être heureux et pour bâtir un couple aux structures équilibrées…  Bon ; et puis près tout, elle était majeure et vaccinée !

 

Les mois passèrent. Christiane, qui allait tous les dimanches déjeuner à M..., avait noté un changement radical : L’apéritif n’étant pas proscrit, lorsqu'elle arrivait, sa mère et René, étaient déjà passablement éméchés. Il n'était pas nécessaire d'être prophète pour avoir prévu ce qu’il devait obligatoirement arriver : L’enfer de l’alcoolisme, dans lequel le couple exultaient, avait ressurgi tel un pantin de sa boîte ! Christiane ne comprenait pas. Après avoir vécu dix-huit années avec un mari alcoolique et violent, ainsi que de longues années en concubinage avec Bernard, également alcoolique confirmé et qui en était mort... Madame, comme si ces expériences ne lui avait pas servi de leçon, en redemandait !! Ne dit-on pas que "c’est au travers des épreuves que l’on évolue et que l’on acquiert de la sagesse...?". Il y a des exceptions ; la preuve !

 

Au fil des mois qui suivirent, le couple but d’avantage, jusqu’à parfois s’entretuer. Souvent, Gisèle, dans un semi-coma, déblatérait au téléphone. D’une voie pâteuse et à peine audible, elle insultait Pierre, en le traitant de « sale flic » et autres injures dégradantes. Pourquoi ? Je suis incapable de vous dire. Sûrement des propos d’alcoolos qu’elle oubliait instantanément. Un jour, où Christiane et Pierre, étaient invités à déjeuner à M...., ils se pointèrent devant le portail, à l'heure dite : midi pile. Plantés devant la grille de la maison, ils sonnèrent. Personne. Une seconde fois. Personne. Après avoir poiroté un bon quart d'heure et s'être entêtés à sonner une bonne dizaine de fois, ils durent se résigner et rebrousser chemin. En son for intérieur, Christiane, échafaudait tous les scénarios possibles et imaginables. Pierre, la persuada de se calmer et d’attendre. Après un bon déjeuner au restaurant, ils aviseront.  - Ne nous affolons pas, insista-t-il. – Et qui sait ? Peut-être sont-ils tout bonnement en train de cuver ??

 

Effectivement, en soirée, Giselle répondit au téléphone, comme si elle émergeait de mille ans de sommeil profond. – Allo… ? – Maman ? – C’est toi, ma chérie... ? Bien sûr, répondit Christiane, légèrement agacée. – Tu as oublié que nous étions invités, Pierre et moi, aujourd’hui, dimanche ?? – Ah bon… ? Ses mots se culbutaient au portillon et son cerveau, trop imbibé, refusait de coopérer. En défintive, la jeune femme,  excédée, lui raccrocha au nez.

 

Des farces telles que celle-ci ne fut pas la dernière ; hélas !  

 

Comme tout alcoolique qui se respecte, Gisèle et René, après avoir trinqué et vidé plusieurs bouteilles,montaient le petit escalier qui menait à leur chambre et, quasiment dans le coma, s’écroulaient sur leur lit et pionçaient jusqu’au soir.

 

 

 

A plus, les blogueurs !

 

............................................................................................ A suivre

 

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