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Giselle...

 

…………………………………………………                                  83ème épisode

 

Nous avions retrouvé un Paris pluvieux et froid. Ainsi, Christiane, ne se sentit pas dépaysée. Tout était redevenu dans l’ordre. Même Didier. L’épisode « Deauville » avait-il vraiment existé ? On aurait pu en douter. Car, celui-ci, le roi de la dissimulation et des faux-semblants, l’avait apparemment enfui au fond de son inconscient. Plus de divorce à l’horizon… Après tout, c’est ce qui comptait ! Surtout, pour Roselyne…

 

Lola semblait heureuse avec Jacky, l’homme de sa vie. Il était question qu’elle quitte définitivement son studio d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Ainsi, elle le tournerait une page. Mado, qui m’avait gardé pendant trois semaines, rappliqua vite fait à la maison car, il faut le dire, on y buvait de bons coups et la bouffe était bonne ! Elle avait pour ainsi dire élu domicile chez le couple, puis qu’elle y dînait chaque samedi, le dimanche et deux autres jours dans la semaine. Non, elle ne s’imposait pas ! Elle se rendait tout bonnement indispensable. A la longue, elle fit partit des meubles. Nous n’avions aucun secret pour elle. Christiane et Didier, discutaient de leurs problèmes intimes tels que l’argent, sans aucun tabou. Ils se disputaient et s’insultaient devant elle, sans envisager qu’il y aurait pu y avoir quelconque incidence.

 

Roselyne allait sur ses huit ans. En ce début de septembre, elle avait changé d’école. Maintenant, elle savait parfaitement lire et écrire. Christiane, bien qu’au chômage, se levait tous les jours à sept du matin, afin d’accompagner sa fille à l’école. Le midi, la petite, mangeait à la cantine et à 16 h. 30 tapantes, nous étions tous devant l’école, à attendre l’heure de la sortie. Mado, en tant qu’escorte, poussait le zèle à mimer la mamie serviable et aimante. Roselyne l'aimait plus que sa vraie mamie.

 

Le couple avait de gros soucis d’argent. Si bien, que le banquier de Didier, leur avait coupé les vivres. Carte bleue et chéquier avait été confisqués. Les dettes s’accumulaient. Mon Essentiel vivait avec une épée de Damoclès suspendue sur sa tête et s’imaginait avec horreur, se retrouver bientôt à la rue.

 

Didier ne changeait pas. Au contraire, il s'ingéniait à descendre son entourage. Il était comme la météo. Ses promesses de déménagement étaient parties en fumée et, désormais, Christiane était convaincue qu’elle resterait une éternité dans cet appartement de 38m2. dépourvu de toute intimité et dans lequel elle se sentait étouffer. Du reste, son mari, ne se cachait pas de son évidente mauvaise volonté. Il l’avait confirmé devant Giselle et Mado, alors que nous étions tous à table. Sciemment. Uniquement dans le but de ferme du mal. « Je pourrais facilement obtenir un autre appartement H.L.M. mais, je paye déjà le loyer d’Annie, mon ex… Je n’peux tout de même pas débourser deux loyers dont l’un serait le double du nôtre ! ». Christiane avait regardé sa mère et, les larmes aux yeux, s’était abstenue de répliquer.

 

Didier avait divorcé de sa première femme, quand sa fille Sophie, avait tout juste deux ans. Lors du jugement, il avait été décidé par le juge qu’en guise de pension, il débourserait chaque mois, le montant du loyer de trois pièces situé en banlieue. Là, où le bât blessait, c’est que Sophie ayant atteint ses vingt-six ans, il continuait à entretenir sa fille mais, également, son ex-femme. En outre, le bail était resté à son nom. Plus tard, il devrait s’en mordre les doigts ! Au vu de cette situation, Christiane, se considérait comme « laissée pour compte ». Avec ce que Didier payait chaque moi pour sa fille, il aurait pu largement louer un appartement plus spacieux.

 

Gisèle se rendait à Paris, deux fois par an. Une fois, pour l’anniversaire de Roselyne et une seconde fois, pour les fêtes de Noël. Depuis sa crise d’hémiplégie, elle était restée paralysée du larynx ; d’où, des dégurgitassions de glaires, peu ragoutantes. A table, toutes les fois où elle crachait dans son mouchoir, Didier détournait la tête en prenant volontairement un air dégoûté. Que la mère de sa femme, soit malade, quasi-impotente et seule, sans quiconque pour veiller sur elle, cela ne l’atteignait nullement. Aucun geste de compassion ; que des astreintes ! Oui, je le soutiens. Didier, était odieux avec sa belle-mère, qu’il avait toujours haïe. Cette réelle mauvaise volonté et cette absence totale d’humanité, scandalisait et torturait, mon Essentiel. Pendant ces périodes qui auraient dû être heureuses et festives, elle ne pouvait rien avaler de solide. Trop obsédée par l’attitude de son mari et par les rejets glaireux de sa mère, la jeune femme, se sentait tendue jusqu'à la moindre parcelle de ses os. Pourtant, sa mère se montrait très effacée et peu loquace. Souvent perdue dans ses pensées, elle fumait cigarette sur cigarette. Des « gauloises », qu’elle laissait à moitié consumées dans le cendrier. Une manie qui exaspérait son gendre. Pour toutes ces raisons, Christiane redoutait l’arrivée de sa mère et n’avait qu’une hâte, qu’elle reparte chez elle ! D’où un sentiment de culpabilité qui la tarabustait. Elle aurait tellement aimé que cela se passe autrement ! Or, son existence, était une entrave aux joies familiales et à l’amour ; tel un barrage fissuré duquel ne s'échappait que des flots de larmes.

 

Christiane ne se confiait pas à sa mère. En réalité, ce n’était pas utile puisque cette dernière, avait tout compris. Parfois, d’un œil critique, elle observait son gendre pour lequel elle n’avait aucune estime. Toute réflexion faite, elle devait parfois regretter Tarik qui lui, l’avait toujours respectée. « On sait c’qu’on quitte mais on n’sait pas c’qu’on prend !! ». Giselle avait de la mémoire et se rappelait parfaitement les vacances à Biot et Ô combien, en cette année 1992, sa fille avait essuyé nombre d'humiliations et de menaces. Assise sur le canapé, elle restait songeuse en tirant sur une cigarette, sans faire de commentaires sur quoi que ce soit. Christiane en était consciente. Sa mère, discrète, n’en pensait pas moins et nourrissait une rancune tenace à l'égard de celui qui avait berné sa fille. De plus, c’était son intime conviction, Didier était un imbécile accompli et de plus, incurable !!

........................................................................................... A suivre

 

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