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Echec et mat

 

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……………………………………………………………… 53ème épisode

 

Lola avait de nouveau pris le large. Christiane ne supportait plus ses boniments et sa façon d’ergoter à tout propos, lui portait sur les nerfs. En outre, son côté versatile qui virait entre le blanc et le noir, l’exaspérait. Sa dernière réflexion datait de quelques mois. « Mais qu’est-ce que t’attends pour le quitter ce mec… ? Il te fait bander ou quoi ! » Je répondrais que les conseilleurs ne sont pas les payeurs… Bien évidemment, ce mec… s’appelait Tarek ! De toute manière, Christiane, l’avait remise à sa place ; vive fait et bien fait ! Après quoi, elle lui avait rétorqué, qu’il lui était bien aisé de parler ainsi ! N’est-ce pas ? Lorsque l’on est libre comme l’air et que l’on n’a pas de bébé qui pleure à la maison, on peut se permettre de proférer des propos stupides, qui n’engagent que soi ! Par ailleurs, quels étaient ses objectifs ? Que mon Essentiel se retrouve sans le sous et sans aide, avec son bébé sur les bras… ? Du coup, ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase.

 

Depuis, pas de nouvelles, bonnes nouvelles !

 

Au cours du mois d’avril 1988, Christiane, reçut une missive pour le moins surprenante. A cette époque, la gardienne de l’immeuble, à défaut de boîtes aux lettres, glissait le courrier sous la porte ou sur le paillasson des locataires. Un matin, Christiane, fut intriguée par un papier plié en quatre, qu’elle s’empressa d’ouvrir. – "Christiane, ta copine Francesca est morte. Tu peux me rappeler à tel numéro". Signé : Didier. D… Après dix ans sans donner aucun signe de vie, le Didier des Puces, qui s’était du reste mariée en juste noces avec une fille de quinze ans sa cadette, sortait de son de silence ! Ca n’avait aucun sens ! Francesca était décédée… Soit. Ca ne justifiait pas une telle démarche ! Dans l’immédiat, elle replia le petit mot, qu’elle rangea dans son sac. Et n’y pensa plus.

 

Quelques jours plus tard, elle tomba sur le papier et, spontanément, composa le numéro indiqué. – Allo ? Dider…. C‘est toi ? Et bien, pour une surprise, c’est une surprise ! La conversation dura une bonne demi-heure, au terme de laquelle, Didier.… parvint à décrocher un rendez-vous avec son ex-maîtresse. Après tout, pensa Christiane, en son for intérieur, j’aurais tort de me gêner !

 

Didier, s’était garé discrètement, dans une rue adjacente du domicile de Christiane. Tout en déjeunant en tête à tête à « L’Etoile du Sud », un restaurant gastronomique du Concorde La Fayette, il lui apprit que Francesca était décédée d’un cancer du sein, après avoir souffert le martyr. Un décès qui datait déjà de quelques mois… Très vite, il lui confia qu’il l’avait hébergée chez lui, alors qu’elle était agonisante. Toujours amoureuse de ce dernir - en dépit de sa maladie - elle l'implorait pour qu’il lui fasse l’amour. S’il refusait – continuait-il - elle quittait l'appartement pieds-nus et en chemise de nuit, en exprimant son désespoire en pleine rue. Cette histoire est insensée ! Pensa Christiane, en elle-même. Elle n’en croyait pas ses oreilles ! Ce n’était plus de l’altruisme, mais un sacerdoce ! Et la cerise sur le gâteau – si je puis dire – c’est qu’il avait réglé tous les frais d’obsèques ! Et ta femme… ? l’interrogea Christiane, abasourdie. Les yeux brillants et avec un petit sourire en coin, il lui annonça, qu’il était divorcé depuis deux ans ! Elle se prit à le détailler. Ses cheveux, ainsi que sa barbe qu’il avait laissé pousser, étaient poivre et sel. Habillé en costume-cravate, parfumé, il était évident qu’il avait revêtu l’uniforme du séducteur. Remarquez, en ce qui concernait Christiane, il n’y avait rien à jeter. Suite à un traitement médical, la jeune femme, avait recouvré la joie de vivre, ainsi qu’un appétit normal. Les quelques kilos récupérés, lui allaient à ravir. Son visage rayonnait et ses traits détendus, lui donnaient des allures d’adolescente. Tout un ensemble auquel son prétendant ne resta pas insensible. Bien au contraire !

 

Christiane, suivait d’une manière assidue les cours de danse orientale et assumait, ceci sans grand enthousiasme, les multiples obligations de recherche d’emploi, que lui imposait L’A.N.P.E. Après un hiver morne et glacial, elle s’enivrait de la brise suave et panachée d’espérance, en se laissant impudiquement caresser par les premiers rayons du soleil.

 

Deux semaines s’écoulèrent, pendant lesquelles, Christiane et Didier, ne cessèrent de se voir en faisant la tournée des grands ducs. D’autant plus que les retrouvailles avaient été consommées et… autant faire se peut, réitérées plusieurs fois par jour ! Un premier temps, dans une chambre du Concorde Lafayette et, dans un deuxième temps, dans l’appartement même du galant, situé en banlieue. Didier était très volubile en termes de confidences. Myriam, son ex-épouse, l’avait laissé sur la paille. L’appartement qu’ils avaient acheté en commun, avait été attribué dans son ensemble, à l'épouse. Pour ne pas finir à la rue, avait-il précisé, il avait été contraint de racheter sa part. La chienne, la saleté… avait-il persiflé dans sa barbe. Ensuite, il avait carrément déblatéré sur son ex. Cette Myriam lui menait une vie d’enfer. Très agressive, elle le criblait de réflexions désobligeantes et sur le plan sexuel, ce n’était guère mieux. A force de coups de pieds, elle lui signifiait son refus d’accomplir le devoir conjugal. Pour finir, il lui précisa, qu’il s’était laissé aspirer par le cercle infernal de l’habitude. Selon sa théorie, l’amour était si fragile, qu’il était indispensable de l’épicer, afin d’échapper à la nonchalance du quotidien. Christiane, se gardant de l’interrompre, avait écouté sa complainte d’une oreille attentive. Pendant tout le repas, il avait disserté sur l’amour et les relations du couple idéal.

 

Depuis peu, Tarek, était devenu soupçonneux. Malin comme un singe, il amorçait ses questions avec diplomatie, sans rien transparaître de ses propres pensées. Un matin où il se faisait plus insidieux, Christiane, perturbée par la justesse de ses questions, eut un geste d’impatience. Simulant l’indignation, elle tentait de détourné son attention quand, cherchant son regard, il lui demanda sans détours – Tu as rencontré quelqu’un, n'est-ce pas ? C’est ça, hein ? Réponds !! Christiane, cramoisie, cru défaillir. Et puis, se dit-elle, il ne l’a pas volé ! – Bon ! Puisque tu insistes, tu as raison ! J’ai rencontré un homme ! Or, ne t’avais-je pas prévenu ? Riposta-t-elle, effrontément. – Sache, que rien n’est jamais acquis, dans la vie ! Tu as trop tiré sur la corde, Tarek… Sans atermoyer mais, visiblement secoué, il partit chercher sa valise qu’il remplit frénétiquement de quelques vêtements, s’habilla à la hâte et, avec une dignité indiscutable, il quitta la maisson avec sa valise à la main. Christiane le savait ; à aucun prix, il ne l’aurait implorée, suppliée… Néanmoins, elle venait de se débarrasser d’un lourd fardeau. A présent, elle se sentait nettement mieux !

 

L’après-midi même, elle tomba par hasard sur Lolita, qui écumait le quartier sans but précis. "Comme je suis contente de te voir!" s’exclama Christiane, en lui faisant la bise. Lola, ne cachant pas sa stupéfaction, la dévisageait, comme si elle venait de surgir d’une autre dimension. Un mélange d’étonnement et de dépit. La métamorphose du cloporte… Physiquement, Christiane, était métamorphosée. Elle avait recouvrée son élégance et cette classe naturelle qui la caractérisait tant. Son visage resplendissait et sa coupe de cheveux à la garçonne, la rajeunissait ! C’est en arborant un large sourire, qu’elle confia à sa copine, son intention de quitter le père de sa fille. Elle enchaîna sur Didier, en lui parlant de leur relation ainsi que de leurs éventuels projets d’avenir. Au fil de la conversation, Christiane lisait en Lola, comme dans un livre ouvert ; et ce qu’elle découvrait, n’était pas joli, joli… N’aurait-elle pas dû sauter de joie ? Se féliciter que son amie, libérée de son carcan, eût enfin accès au bonheur… ? Or, c’était tout l’inverse ! La jeune femme, pleine de perspicacité, lisait dans le regard perturbé de sa copine, du désappointement et de l’insatisfaction. Au cours des deux dernières années, Lola, s’était sans conteste, délectée du spectacle de la déchéance physique de Christiane. Une jouissance qui n’était pas digne d’une amie ! Mais d’une femme jalouse… Cependant, cette dernière, toute à son bonheur tout neuf, la réconforta en lui précisant que la maison, lui était toujours ouverte !

 

Mon essentiel était l’héroïne d’un roman d’amour (à l’eau de rose ??). Depuis un mois, Didier. faisait preuve de tant d’attentions à son égard, d’un tel dévouement, d’une telle générosité, qu’elle en était tombée amoureuse ; et, c’était réciproque ! De plus, il restait à son écoute de jour comme de nuit et se disait très intéressé par la danse orientale et sa musique si envoutante, qu’il prétendait adorer ! Christiane, avait eu à cœur de lui présenter son petit bout, F…, qui ne s’était pas montrée farouche. Sinon, très intéressée ! Apparemment, celui-ci, aimait les enfants… En supposant que le bébé ce fût montré rétif, dans ces conditions, Christiane, aurait mis fin à sa relation. Dieu merci, ce ne fut pas le cas ! A présent, le bébé avait ses marques dans l’appartement de Didier qui avait demandé à Christiane de quitter Tarek, pour venir habiter chez lui. Plus facile à dire qu’à faire ! Car, celui-ci, qui était parti précipitamment, était revenu le soir même au bercail, avec la ferme intention de récupérer ce qu’il considérait comme son bien ! Finalement, il était décidé à se battre jusqu’au bout, pour sauver son couple.

 

Pour Christiane, les semaines qui suivirent, furent un crève-cœur. Ballottée du matin au soir, entre les deux hommes qui lui étaient les plus chers, elle ne savait plus à quel saint se vouer. Chacun, ne savait que faire pour lui plaire. Quand l’un des deux lui adressait un bouquet de roses, l’autre, s’empressait de l’imiter ; ainsi de suite… Chacun des deux adversaires cherchaient à se surpasser par rapport à l'autre ! Ce n’était pourtant pas un marathon… « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ! ». L’objet de leur convoitise, saturée de gueulletons, souffrait de crises de foie à répétition. Par ailleurs, elle était aimée, courtisée, sollicitée, comme elle n’aurait jamais osé l’espérer !! Elle vivait des instants inoubliables et enchanteurs. Le bonheur lui allait bien. Seule Lola, ne partageait pas son enthousiasme et s’entêtait à soutenir Tarek, en lui donnant systématiquement raison. Alors qu’elle l’avait renié à plus reprises. (Tiens, ça me rappelle un certain Judas…).

 

Les instances de Tarek étaient journalières. Ce n’était plus le même homme. Une seule choses le taraudait : reconquérir Christiane en évinçant son rival. Pour atteindre son but, il employait les grands moyens et ne lésinait en rien. Dans l’immédiat, mon essentiel, était le centre de toutes ses attentions. Il lui avait offert du parfum de luxe, un briquet de chez Céline, un porte feuille en cuir ; chose qu’il n’avait jamais faite auparavant ! La jeune femme était déboussolée par ses promesses et ses serments, certifiés au nom de Dieu et de ses deux filles ! Cet homme, qui avait été si dur avec elle, pleuraient la nuit comme un enfant, en implorant son pardon et en la suppliant de ne pas le quitter. Au comble de la souffrance, il s’était rapproché de sa fille, qu’il cajolait fréquemment. Tout en la berçant, il plongeait son regard dans le sien, comme jamais il ne l’avait fait auparavant. Pour Christiane, une position très inconfortable et difficile à vivre. Toutefois, il lui fallait faire un choix. Didier eut l’idée géniale de négocier avec son rival. Pour ce faire, il lui donna rendez-vous dans un café de la Porte d’Auteuil, afin de l’encourager à lâcher prise. Méfiant et sur ses gardes, il crut bon de se munir d’un flingue. On se serait cru dans un western ! A force d’arguments et d’engagements irréfléchis, il tenait à lui faire comprendre que, retenir une femme contre son gré, ne servait rien !

 

Fin juin, Christiane, prit l’ultime décision et se résigna à quitter son appartement du 16ème. Les larmes aux yeux et avec un vague sentiment de culpabilité. Jusqu’au dernier moment, Tarek, lui adjura de rester. « Ne me quitte pas… ». Craignant de craquer pour revivre le même enfer, elle prit sa fille dans ses bras, marmonna à son ex- compagnon, un audible « au revoir » et claqua la porte derrière elle. Ce fut atroce. Un déchirement. Didier, attendait Christiane dans sa voiture, garée en double file. Quand il l’aperçut, il lui sourit, en lui faisant signe de la main. Mon Essentiel, L'ayant rejoint, passa son bras autour de son cou et se cramponna à son blouson, comme si sa vie en avait dépendu.

La voiture démarra. C’était fini. Une page se tournait.

 

…………………………………………………………………………………… A suivre

 

 

 

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