Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Amorce sur la fiction

  u18408014

 

…………………………………………………………… 56ème épisode

 canstock1397093.jpg

 

Le retour en France, fut aussi éprouvant que l’aller. Les deux couples ne s’étant pas réconciliés, les échanges à l’aéroport de Bangkok, aux fins de régler les formalités, avaient été froids et distants. Les douze heures d’avion effectives, s’étaient déroulées en aparté, dans un total déni des uns et des autres. Au débarquement, à Roissy Charles de Gaulle, chacun des couples se dirigea dans la direction qui menait à son domicile, sans se retourner ; sans même un adieu ! Christiane, depuis la prise de bec mémorable dans un des couloirs de l’hôtel de Pattaya, traînait un vague sentiment de culpabilité qui, rajouté aux ressentiments et aux désillusions, la laissait meurtrie et dubitative.

 

C’est dans cet état d’esprit que cette dernière alla récupérer son bébé d’amour. Gisèle, sa mère, lui appris la mort de son second beau-père ; mort des suites d’une cirrhose. Comme Bernard… Ce fut d’une voix neutre et sans un afflux d’émotions excessives que Giselle, expliqua à sa fille et à son futur gendre (??) les circonstances de la mort de son époux. L’enterrement avait été vite bâclé. Seule Giselle, précédée du curé du village, qui avait procédé à la cérémonie funèbre, avaient suivi le corbillard, jusqu’au cimetière. Hormis les quelques corbeaux qui croassaient dans le ciel limpide de cet été 1988, René, était parti pour le grand voyage, abandonné de ceux qu’il avait aimé et, sans personne pour le pleurer.

 

Excepté la petite maison, le défunt, ne léguait rien à ses deux enfants légitimes. Gisèle, prévoyante, avait anticipé en engageant son mari à établir un testament au dernier des vivants. Au cours du déjeuner, confectionné par sa mère, Christiane apprit également que son beau-père avait rédigé un testament en sa faveur, aux termes duquel, il lui léguait un quart de la maison. A part ces quelques détails, Giselle, à l’évidence, ne semblait pas très affectée par la mort soudaine de son époux. Bien au contraire. Elle donnait l’apparence de s’être délestée d’un poids bien incommodant. 

 

Lorsque Didier et sa compagne accompagnée de sa petite fille, retrouvèrent l’appartement de Sarcelles, l’air surchauffé de cette fin d’été, était d’autant plus accablant, qu'il portait un parfum de forfaiture que Christiane, avait du mal à canaliser. La jeune femme, n’avait pas l’étoffe d’une manipulatrice ni le talent de son compagnon, pour endiguer les choses, tout en s’épargnant lui-même. Non, Mon Essentiel, n’était pas une mordue de mythique et d’artifice ; ni de contes à l’eau de rose ! Elle aimait le concret, la vérité et l’authenticité.

 

Le lendemain de leur retour de Thaïlande, Didier, eut l’idée lumineuse de conduire sa compagne jusqu'à Sarcelles-Village, où se trouvait le bistrot que tenait sa sœur, en collaboration avec son mari, Georges. Christiane était très loin de se douter à quel point elle était méprisée et haïe par les propriétaires !! Et Didier, ne devait certes pas l’ignorer… C’est l’air confiant et naturel, que Christiane escorta son compagnon qui,  le seuil franchi, alla  saluer sa sœur qui servait au bar. Les regards des deux femmes se croisèrent. Sylvia, tout en  tendant la main à la nouvelle venue, la détailla d’un œil critique. Afin de palier à l’attitude de sa sœur, peu chaleureuse, Didier, saisit précipitamment la main de sa compagne et traversa la grande salle du café attenante à l’arrière-cuisine, où vaquait son beau-frère.

 

L’homme, qui s’avança pour serrer la main de Christiane, était l’image type du gaulois bouffeur de merguez et friand de blagues de mauvais goût. La jeune femme  réprima un vif sentiment de répulsion. Campé face à elle, le regard inquisiteur, il arborait fièrement une moustache qui accentuait ses traits déjà burinés. Bizarrement, Didier parut subitement mal à l'aise ; comme s’il avait été confronté au jugement de son propre père. Toutefois,  ce Georges, n’étant que son beau-frère, Christiane fut frappée par ce brusque changement d’attitude. Ledit Georges, tout en toisant la jeune femme qui lui était présentée, s’attarda longuement sur son visage, avant de lancer, avec un mépris non-dissimulé :

« Dis-donc, j’te connais, toi ! Tu ne traînerais pas tes guêtres dans la boîte de nuit « machin » du côté de Gonesse?».

Christiane, percevant l’attaque, jeta un bref coup d’œil à son compagnon qui, imperturbable, ne pipait mot. Cramoisie de honte, elle s'attendait à ce qu’il lui vienne en aide, en s’interposant ; mais, rien ! Surtout, qu’il ne la laisse pas à la merci de ce gros porc qui, c'était certain, tenait à la déstabiliser en misant sur la carte de la provocation ! Certes, elle n’avait pas à se justifier ! Néanmoins, pour couper court et en dépit des allusions toxiques de son interlocuteur, elle soutint son regard et, s’efforçant de garder son calme, elle lui répondit sèchement :

 « Moi ? C’est impossible ! Je déteste les boîtes de nuit et surtout, je n’aime que la danse orientale !

Après quoi, à la limite de la crise de nerf, elle rajouta d’un ton emprunt de révolte :

 « En plus, j’habite Paris ! Je ne sais vraiment pas ce que je viendrais foutre dans un trou comme Gonesse !

Sur ce, elle tourna les talons et se précipita vers la sortie.

 

Lorsque Didier la rejoignit, elle était prostrée et, le visage enfoui dans ses mains, elle laissait libre cours à son chagrin. Les sous-entendus de l'homme, l’avaient profondément blessée. Terrassée par l’arrogance qu’il avait affichée à son égard, elle se remémorait malgré elle, les propos diffamatoires de la thaïlandaise. A ce moment précis, elle aurait voulu disparaître définitivement, afin d'échapper à ce monde abject.

 

F…, qui abordait ses dix-huit mois, avait bien profité pendant ce mois de vacances. Sa petite frimousse aux joues roses et bien rebondies, respirait la santé. Elle semblait plus calme qu’auparavant. Quant à Lola, la copine de prédiction, elle était telle un chien qui suit son maître dans tous ses déplacements et qui s’adapte à toutes les conditions. Tout comme celui de Paris, elle avait adopté l’appartement de Sarcelles, en y faisant de fréquentes incursions.

 

Depuis peu, au sein du nouveau foyer, l’atmosphère était oppressante. Suite aux allusions dégueulasses de ce Georges, à son encontre, Christiane, très affectée, était sous pression. Ses nerfs étaient à vif. Un matin où le téléphone sonnait, elle s’empressa de décrocher le combiné – Allo ! Qui est à l’appareil ? C’était la mère de Francesca. Sitôt qu’elle eût reconnu la voix de Christiane, celle-ci se déchaîna sur l’ex-amie de sa fille.

«Ah, c’est toi, petite pute, salope… Que fais-tu ici, chez Didier ?

Mon Essentiel, interdite, devant un tel étalage d'horreurs, refusa d’en entendre davantage et s’empressa de raccrocher. Le lendemain, la femme récidiva ; plus caustique encore… Cette fois, Christiane, déjà accablée par ses tout récents déboires, bouillait de colère ; et cette fois, c’est  sans ménagement, qu’elle répondit aux attaques de la bonne femme. Qui était cette teigne pour la traiter ainsi ? Christiane, finalement, ne la connaissait que de vue ; en tant que mère de Francesca. Cette dernière réflexion fit remonter des souvenirs à la surface. C’était l’époque de l’âge tendre de leur adolescence où sa grande copine, Francesca, avait déjà des rapports sexuels intensifs avec un garçon, prénommé François. Jusqu’au jour où, celle qui passait pour une sainte aux yeux de sa mère, dût faire appel au test de la lapine. Et pour cause, elle se croyait enceinte du jeune homme ! Toutes deux avaient quatorze ans. L’âge de l’innocence. Christiane, très gamine et très naïve à cet âge, jouait encore à la poupée et n’aurait jamais pu imaginer, avoir des rapports charnels avec un garçon !

 

Quelle ignominie d’être ainsi roulée dans la boue et insultée par cette femme qui certes, avait perdu sa fille unique d’une façon tragique… Cependant, rien ne justifiait une telle démonstration de haine ! La jeune femme, scandalisée et blessée jusque dans sa chair, en vint à la conclusion suivante : Contre le mauvais sort qui s’acharnait sur elle et ces agressions à répétition, il n’y avait qu’un seul coupable ; Didier ! Et elle allait, de ce pas, en découdre avec lui ! Décidément désenchantée, elle ne pouvait plus tolérer de se faire humilier à tout bout de champ, sans protester ! Assez ! Elle en avait assez d’être la tête de turc ! Entre nous, croyez-vous que ce fusse un complot ? Elle se remémorait le regard mauvais, que lui avait adressé la soeur de son compagnon ; spectateur muet des outrages qu’elle avait subis. Le lâche, préférait jouer à la fausse diplomatie et au médiateur, plutôt que de s’affirmer en tant qu’homme et défendre celle qu’il avait pratiquement arrachée à son foyer !

 

Tout comme en Thaïlande, il réfuta tout en bloc et s’arrangea pour trouver des circonstances atténuantes à Mme M. Il fit de la même manière, concernant le comportement agressif de son beau-frère, qui avait laissé entendre que Christiane était une fille facile. La pauvre, très remontée, avait mis l’accent sur cette vexation, qu’elle ne cessait de ressasser. Didier, simulant les obtus, avait insidieusement noyé le poisson en déclarant que Georges, avait confondu avec une autre. Qu’il n’avait pas voulu la blesser. Et puis… avait-il enchaîné sur un ton chargé de reproches. - Pourquoi, prends-tu toujours tout à cœur ? Il n’y avait pas de quoi en faire un fromage ! Christiane poussa un soupir résigné. Résolument écœurée par une telle mauvaise foi, elle déballa d’une traite tout ce qu’elle n'arrivait pas à digérer depuis leur départ de Paris, pour la Thaïlande. L’ex-amoureux transi, qui avait fait des pieds et des mains pour qu’elle quitte le père de son enfant (il avait été parjure devant son rival) se dévoilait au fil des jours. Pour résumer, Didier n’était qu’un couard, doublé d’un trouillard, qui restait à la botte de sa famille. Un petit garçon immature qui n’assumait pas ses choix !

 

Comme dans un kaléidoscope, Christiane, revivait chaque moment et chaque scène en noir et blanc. Ces derniers mois avaient été trop généreux en joies et en aspirations de toutes sortes. Des attraits à un point trompeurs, qu’elle était partie dans la mauvaise direction. On l’avait dupée ; bernée ! A présent, pour la jeune femme, s’était une évidence, très difficile à admettre. Elle s’était rigoureusement laissé abuser.

 

 Didier,avec son soi-disant « amour » et ses promesses illusoires d’avenir rayonnant, lui avait masqué la vision, ainsi que la raison. Petit à petit, elle était revenue sur terre et la chute avait été raide ! Au regard de sa condition – peu enviable – elle se sentait prisonnière d'un carcan. Au stade où elle en était, que lui restait-il, comme alternative ?? Refaire son baluchon en réintégrant son appartement et en revivant avec Tarek ? Recommencer la vie d’avant en compagnie de l’homme qu’elle avait trahi et trompé sans vergogne… Assurément, dans cette éventualité, il lui ferait payer la note un jour ou l’autre ; quoi qu’il arrive. Avec ce tempérament fier et orgueilleux qui lui était spécifique, ce serait l’enfer ad vitam aeternam !

 

Ma Préférence à moi, aux prises avec son étique et sa sincérité légendaire, avait beau retourner le problème dans tous les sens, le dilemme était insoluble.

 

Sans travail, avec un bébé sur les bras, que pouvait-elle espérer du destin ? Pour résumer, elle n’avait pas d’autre choix que de poursuivre ce qui avait si mal commencé. Pas d’autre choix que de continuer à tisser la trame de son destin.

 

Advienne que pourra !

 

L’important à ses yeux, c’était de sauvegarder sa fille et d’échapper aux griffes de Tarek

………………………………………………………………… A suivre

 

Joyeuses fêtes à tous !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :