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Mahomet et l'Islam (4)

La croissance du groupe inquiète les Mecquois et les persécutions contre Mahomet[90] et les siens se font de plus en plus vives après la mort de Khadija et d'Abû Tâlib. Une première vague d'immigration emmène une partie des musulmans en Éthiopie où ils vivent quelque temps sous la protection du négus ou roi d'Éthiopie. Mahomet profite de la saison du pèlerinage qui voyait affluer vers La Mecque les Arabes de toutes les régions de la péninsule d'Arabie pour prêcher le message de l'islam. Il conclut un pacte avec un groupe de Médinois qui acceptent son message. L'année suivante, la communauté musulmane médinoise est plus nombreuse. 70 hommes se rendent en pèlerinage à La Mecque pour prêter allégeance à Mahomet et lui proposer leur protection s'il s'installait à Médine[91]. L'ordre est donné aux musulmans mecquois d'émigrer (hégire) à Yathrib (future Médine) en 622[92]., an 0 du calendrier musulman.

Selon la tradition, Mahomet aurait été le dernier à partir, en compagnie de son fidèle ami et futur calife Abou Bakr. Ali, quant à lui, reste sur place avec pour mission de restituer les dépôts, dont Mahomet avait la garde, à leurs propriétaires.

Chef de guerre et fondateur politique de l'oumma

Article détaillé : Batailles de Mahomet.

Mahomet réorganise Yathrib, où il est en même temps chef religieux, politique et militaire. Il s'appuie à la fois sur les deux tribus arabes et les trois tribus juives qui y vivent (voir l'article Tribus musulmanes et juives de Yathrib). Un pacte-constitution dit aussi charte de Médine, en fait huit documents rédigés à des dates différentes, régit les relations entre les différentes communautés religieuses qui habitent la ville, garantissant notamment à tous les citoyens la liberté de conscience. Néanmoins, ce nouvel ordre est venu contrarier les intérêts des notables de la ville, dont Abdullah ibn Oubayy ibn Salul et ceux des tribus juives de Médine.

Quelques juifs, par conviction, reconnaissant en Mahomet le prophète tant attendu à l'instar du rabbin `Abdullah ibn Salam, ou par opportunisme, embrassent l'islam[93],[94]. Mais les Juifs de Médine ne se convertissent pas pour autant en masse. Au fil du temps, les musulmans déchantent et prennent leurs distances avec les « gens du livre ». La rupture est marquée lorsque la direction de la prière devient la Ka'ba à La Mecque et non plus Jérusalem.

Suite aux persécutions que subirent les musulmans à la Mecque, le Prophète reçut peu de temps après avoir trouvé refuge à Médine l'ordre de combattre les Quraysh (Coran 8, 39). Les opérations se limitent à de simples raids sur des caravanes mecquoises, raids qui s'avèrent infructueux au début[95]. Pendant le mois de ramadan en l'an 624, la bataille de Badr éclate. Il s'agit du premier conflit mené par une armée musulmane stricto sensu. Elle aurait opposé 317[Note 34] soldats musulmans à un millier de soldats mecquois. La victoire contre les Mecquois assoit l'Empire musulman naissant et constitue un atout psychologique pour les musulmans. Le mois de jeûne, Ramadan, est par la suite fixé le mois anniversaire où aurait commencé la révélation du Coran ou, selon une autre version, pour commémorer la bataille de Badr.

Les Mecquois prennent leur revanche lors de la bataille de Uhud, en l'an 625. Supportant mal la mainmise des musulmans sur Médine, certains notables juifs, à l'instar de Salam ibn Abi Al-Haqiq, auraient profité de cette défaite pour se rendre à la Mecque et inciter les Mecquois à revenir à la charge. Afin d'en finir avec la menace que constituait à leurs yeux ce nouvel état, les Mecquois forment une coalition regroupant plusieurs tribus arabes dont Gatafan, Banu Sulaym, Banu Asad, Fazarah et Ashja. En l'an 627, une armée de dix mille soldats marche sur Médine, qui se retranche derrière un fossé creusé sur la proposition du compagnon de Mahomet, le Persan Salman Al-Farisi. Le siège de la ville s'installe dans la durée. Quelques escarmouches opposent les deux parties. La diplomatie mecquoise a tenté secrètement et a réussi à soudoyer la tribu juive des Banu Qurayza qui avait la charge d'une partie du front. Mahomet envoie quatre émissaires aux Banu Qurayza pour s'assurer de la réalité de leur soutien, mais les émissaires sont mal reçus et constatent la défection des Banu Qurayza. En parallèle, un homme de Ghatafan nommé Nuaym ibn Masud se convertit secrètement à l'islam et reçoit l'ordre de semer la zizanie entre les coalisés. Il réussit à faire douter les Banu Qurayza de la solidarité des coalisés en cas de défaite et fait douter les premiers de la sincérité de leurs alliés médinois. Exténués par le siège et les intempéries, les coalisés décident de lever le siège laissant les Banu Qurayza à leur sort. Après un siège de 25 jours, ces derniers sont soumis au jugement de leur allié de jadis, Saad ibn Muadh : les hommes de la tribu sont tués, leurs biens confisqués et leurs femmes et enfants sont asservis.

En 628, Mahomet part en pèlerinage à La Mecque à la tête d'un convoi de 1 400 pèlerins et multiplie les signes de ses intentions pacifiques. Les Mecquois leur refusent l'accès au sanctuaire, mais signent avec les musulmans la trêve dite d'Al-Hudaybiyya. Prévue pour durer dix ans, elle permit dans les deux premières années de plus que doubler le nombre de musulmans[96]. En 632, la trêve est rompue lorsqu’une tribu alliée de La Mecque agresse une tribu alliée de Médine. Mahomet marche secrètement sur La Mecque à la tête de dix mille soldats. Aux portes de la ville, il garantit la sécurité de toute personne non combattante et déclare une amnistie générale. La Mecque se rend alors sans opposition.

À partir de l'hégire, il aura fallu neuf ans pour que toute l'Arabie embrasse l'islam. Mahomet ordonne l'arrêt des razzias entre tribus arabes déclarant lors de son Sermon d'Adieu : « Le musulman est intégralement sacré pour le musulman, son sang est sacré, ses biens sont sacrés, son honneur est sacré. ». L'unification de la péninsule arabe sous la bannière de l'islam n'est pas de nature à laisser ses puissants voisins indifférents. Mahomet décide donc d'envoyer ses ambassadeurs en Égypte, en Perse et à Byzance, entre autres destinations, pour transmettre son message. L'ère de la conquête au-delà de la péninsule va alors commencer.

Mort de Mahomet

Mort de Mahomet, Istanbul, 1595.

Après avoir réorganisé l'administration et assis l'influence de l'islam à La Mecque, il retourne à Médine, où il meurt le 8 juin 632 âgé de soixante-deux ans après une courte maladie. Il est enterré dans son appartement mitoyen de la « mosquée prophétique ». Un agrandissement de la mosquée de Médine sous la dynastie omeyyade se fait autour de son tombeau, dorénavant à l'intérieur de la mosquée, isolé par un triple mur. La tradition musulmane rapporte aussi qu'il est mort en ne laissant rien comme héritage[97], il ne possédait au moment de sa mort qu’une tunique, un pagne de tissu grossier[98] et avait gagé son armure contre un gallon d’orge chez un juif[99].

Par la suite, ses disciples continueront de se transmettre oralement et sous forme d'écrits les sourates, avant qu'elles ne soient rassemblées définitivement en un seul livre, le Coran, par le troisième calife Uthman moins de vingt ans après la disparition de Mahomet[100].

Diplomatie et batailles internes

Article détaillé : Batailles de Mahomet.

Lettre envoyée à Héraclius, l'empereur byzantin.

Mahomet aurait participé à trente-cinq expéditions, selon les uns, à quarante-huit selon d'autres[101] ou encore soixante-dix. Mahomet envoya huit ambassadeurs vers huit rois ou gouverneurs, pour les appeler à l'islam[102].

Il s'agirait :

La lettre aurait contenu : « Au nom d'Allah clément et miséricordieux. Dis : Ô humain, je suis l'apôtre d'Allah, envoyé vers vous tous, de celui qui possède les cieux et la terre. Il n'y a pas de dieu en dehors de Lui, qui donne la vie et fait mourir [..] »[103] La lettre finissait par « Salut à celui qui suit la droite voie. Mets-toi à l’abri du châtiment de Dieu si tu ne le fais pas, eh bien, moi je t'ai fait parvenir ce message ! »[102].

Le récit de l'intervention des chrétiens qui ont défendu les troupes de Mahomet face aux Mecquois a été soulevé par la tradition. Mahomet aurait demandé le refuge d'une partie des musulmans en Abyssinie, chez les chrétiens éthiopiens après avoir subi le mécontentement des Mecquois[104]. Le roi éthiopien aurait accepté d'aider le groupe de réfugiés après avoir vérifié le contenu du Coran et la lettre de Mahomet. Mahomet trouve refuge chez la population de Yathrib après avoir quitté la Mecque. Il aurait recherché l'appui des juifs[104]

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Lettre envoyé au gouverneur de Bahrain.

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Lettre attribuée à Mahomet, adressée à Muqawqas gouverneur d'Égypte.

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Autre image de de la lettre envoyée à Muqawqas.

Aspects de la psychologie de Mahomet

Portrait de Mahomet, tiré de l'Histoire générale de la religion des Turcs de Michel Baudier. Paris (1625).

Article détaillé : Aspects de la psychologie de Mahomet.

Des spécialistes de disciplines variées se sont penchés sur la psychologie de Mahomet. Deux éléments sont souvent retenus pour la caractériser. Des sources indiquent qu'il aurait été orphelin à six ans[105]. Par ailleurs, à 25 ans il épouse Khadidja sans avoir d’autre femme. Ce n'est que deux ans après sa mort qu’il se remarie, cette fois en ayant plusieurs épouses.

L’historien Maxime Rodinson retient le profil d'un homme sage, équilibré[106]. Il constate que malgré cela, Mahomet, a un tempérament inquiet, nerveux, causé selon lui par son incapacité à obtenir une descendance mâle, source d’infamie à l'époque. Cette inquiétude est peut-être nourrie aussi par sa grande ambition. Il interprète l’épisode où à 6 ans, Mahomet a selon la tradition le cœur ouvert par des anges, comme le signe d'une constitution pathologique qu’il rapproche des poètes arabes préislamiques, les kohânn, qui pouvaient avoir des visions et expliquaient les songes. Maxime Rodinson rapproche la figure de Mahomet de grands mystiques.

Malek Bennabi réfute la thèse de la schizophrénie[107]. Il compare le prophétisme de Mahomet à celui de Jonas ou de Jérémie, à l’aide de la phénoménologie. Le description des moments où Mahomet recevait une révélation a amené de nombreux commentateurs à évoquer l’épilepsie. Cependant, Bennabi affirme que toutes les caractéristiques de l’épilepsie ne se retrouvent pas, et que par ailleurs, Mahomet conservait l’usage de sa mémoire, ce qui va à l’encontre de ce diagnostic.

Autour de Mahomet

Mahomet considéré comme intercesseur

Plusieurs hadiths donnent à Mahomet le rôle d'intercesseur[59], de même certains passages du Coran[Note 37].

« Il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu » correspond bien à l'idée selon laquelle Mahomet, qui est illettré, retransmet ce que lui dicte l'archange Gabriel.

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