Je suis hantée par ses yeux
Résignés, quasi mourrants ;
C’est le regard douloureux
D’un pauvre petit enfant…
Un bébé sans destinée,
Au présent absent et vicié !
Son corps est décharné,
A bout de souffle, épuisé…
Ses bras, squelettiques,
Se décalquent sur sa peau fripée ;
Avec perfidie, la vie s’applique,
A vouloir le martyriser !!
Prématurément vieilli,
Son regard vide est immense ;
Il égorge des traits sans vie
Qui hurlent son innocence !!
Le ventilateur, avec frénésie,
Brasse un air moite et sirupeux,
D’où sortent des relents inouïs
De putrescences fécales, pisseux
Un chérubin à la peau noire
Dans lequel la vie veut habiter ;
Elle porte un message exutoire
D’Anges, prêts à le délivrer
Il n’est que l’ombre de lui-même,
L’ombre macabre de son ombre ;
Sa maman n’est pas certaine,
D’avoir la force de creuser sa tombe
De l’eau sucrée ou du lait à boire,
Un sein gorgé et tendu, à téter…
Ce sont les viscères du dérisoire
Pour les occidentaux, trop gavés !
Il ne se plaint pas et ne pleure pas ;
Un bol de riz, une assiette de farine,
C’est une utopie, un repas de Roi,
Dans son pays, otage de la famine !
Nos consciences, dans un sursaut,
Auraient-elles le cran de s’interroger ?
Son existence, est-elle un cadeau,
Dans cet enfer des persécutés ??
Leurs gouvernements sont les chefs suppliciés
Et nous, occidentaux, préférons oublier !