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"The Artist", petit film français devenu grand à Hollywood

 

Forte de ses trois Golden Globes, l'équipe du film français "The Artist" rêve désormais de rafler un Oscar. France24.com revient sur les raisons du succès de ce film muet, en noir et blanc, qui a mis Hollywood à ses pieds...
Par France 2 (vidéo)
Jon FROSCH (texte)

En 2008, Marion Cotillard savourait sa toute fraîche notoriété hollywoodienne après avoir remporté l’Oscar de la meilleure actrice pour son interprétation de la chanteuse Edith Piaf, dans le film biopic "La Môme". Quatre ans plus tard, la touche frenchie a encore frappé à Hollywood.

 

Dimanche soir, le film muet de Michel Hazanavicius - élégant pastiche en noir et blanc des films muets hollywoodiens - est reparti avec trois trophées des Golden Globes : meilleur acteur pour Jean Dujardin, meilleure musique originale et meilleure comédie. Trois récompenses de bon augure pour la prestigieuse cérémonie des Oscars, le 26 février prochain…

 

À la conquête d'Hollywood

"The Artist" est un conte poétique autour de la déchéance d'une star du muet, Georges Valentin, sombrant peu à peu dans l'oubli, faute d'avoir embrassé le cinéma parlant. Le succès du film ne doit pas son salut au seul charme de Jean Dujardin, acteur chéri dans l’Hexagone. La présence d’Uggie, le craquant Jack Russell qui l’accompagne tout au long du film, et de John Goodman, un féroce magnat d’Hollywood, y sont pour beaucoup.

 

"The Artist" est également une belle illustration de la montée en puissance d’un film, dont le budget n'a pas excédé 10 millions d'euros, parti conquérir le géant américain Hollywood - dont l’industrie cinématographique voit généralement d’un mauvais oeil les productions de l’étranger.

 

Rappelons que le défi était immense. Bien que "The Artist" ait multiplié les références à l’âge d’or d'Hollywood, fit appel à une série d’excentriques figures du cinéma américain (John Goodman, James Crowell, Missi Pyle et Penelope Ann Miller), il n’en reste pas moins un film muet en noir et blanc sur le cinéma... muet en noir et blanc. En d’autres termes, le risque d'un bide aux États-Unis était assez élevé - le public américain étant généralement habitué aux blockbusters parlants et... colorisés.

 

Harvey Weinstein : une "machine" à gagner des oscars

La chance a souri à "The Artist" quand ce dernier fut ajouté sur la liste des films en compétition à Cannes, en mai dernier. Et pourtant, les critiques s’étaient levés du mauvais pied au matin de la projection. Dans la file d’attente, beaucoup râlaient à l’idée d’aller voir, à 8h30 du matin, un film en noir et blanc et sans dialogue. Ce n’est que deux heures plus tard que les avis furent quasi unanimes : le film fut applaudi à tout rompre. Même le président du jury, Robert de Niro, salua l’hommage rendu à la grande époque du cinéma muet.

Le célèbre producteur américain Harvey Weinstein acheta rapidement les droits, convaincu que l’effet "nostalgie" du film, complété par les pas de danse de Jean Dujardin, aurait un attrait irrésistible pour un jury de cinéma fatigué des productions à budgets faramineux et à effets spéciaux. Il avait vu juste. La première du film aux Etats-Unis fut un succès - le New York Times n’hésitant pas à écrire que le film sonne "comme un irrésistible rappel de tout ce qui faut faire pour réaliser un grand film".

 

De "Shakespeare in Love" au "Patient anglais" jusqu’au "Discours d’un roi" l’année dernière, le tableau de chasse d'Harvey Weinstein est impressionnant. Avec "The Artist", l’homme, connu pour sa capacité à faire gagner des Oscars aux films qu’il achète, défend comme un lion son nouveau poulain. Pour ce faire, il a convaincu la petite fille de Charlie Chaplin de venir présenter le film à différentes projections, envoyé Jean Dujardin écumer les plateaux de télévision et séduire les foules. Même le chien Uggie, devenu une véritable star, a foulé le tapis rouge des Golden Globes, tendant, de temps à autre et avec nonchalance, sa patte aux fans et journalistes qui l’entouraient.

 

Un tel buzz peut-il lasser le public ?

Un tel bourdonnement médiatique autour d’un petit film français est anecdotique, voire singulier, pour le public français. Beaucoup attribuent le succès du film au fait que son label "made in France" soit caché : comment le savoir en effet, puisque l’action se déroule aux États-Unis et que le film ne souffre d’aucun dialogue… Ironique, le Nouvel Observateur parie même sur une possible victoire de "The Artist" aux Oscars puisque "les Américains ne savent pas que c’est un film français". Dans la même verve, le New York Times évoque lui une "fascination d'Hollywood pour lui-même".

 

D’un autre côté, le film souffre aujourd’hui d’un léger, quoique indéniable, retour de bâton. L’actrice américaine Kim Novak en est la parfaite illustration. L’égérie d’Alfred Hitchcock dans "Sueurs froides" a récemment provoqué un scandale en estimant que "The Artist" avait "profané" Vertigo en lui "empruntant" un de ses morceaux cultes : le "Love Theme". D’autres critiques reviennent, quant à eux, sur leur première impression, à l’instar de Owen Gleiberman, chroniqueur pour le Entertainement Weekly : "En fait, je suis davantage touché que secoué par "The Artist". Je pense que ce film, par sa dimension sentimentale et sa volonté de coller à la grande époque d'Hollywood, veut secouer le public. Mais s’il échoue à remporter un Oscar, ce sera, selon moi, parce qu’il est trop raffiné."

Des réactions qui ont trouvé un écho dans Le Figaro. Le quotidien se demande si "un tel buzz autour de 'The Artist' ne commence pas à lasser les gens… " Réponse sous peu : les nominations pour les Oscars seront annoncées le 24 janvier.

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