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Premier procès sur le voile

Premier procès de femmes voilées

Le procès de deux participantes à une manifestation de provocation, début mai, pour port du voile intégral se déroulait hier en présence de supporteurs. Une première.

VALENTINE ROUSSEAU | Publié le 17.06.2011, 07h00

 Tribunal de Meaux, hier matin. Hind (à droite), l’une des deux femmes jugées, s’est mis elle-même les menottes en signe de protestation. Elle ne peut assister à son propre procès, l’accès du tribunal étant refusé à toute personne au visage caché.

Tribunal de Meaux, hier matin. Hind (à droite), l’une des deux femmes jugées, s’est mis elle-même les menottes en signe de protestation. Elle ne peut assister à son propre procès, l’accès du tribunal étant refusé à toute personne au visage caché.   

«Je continuerai à porter le voile intégral, c’est non négociable! » Sur le parvis du tribunal de police de Meaux, hier, Hind, cachée par un niqab couleur chocolat, s’offusque de ne pouvoir assister à son propre procès. Le président du tribunal et le juge refusent l’accès à toute personne au visage voilé.

 

Le commissaire de police Philippe Tireloque explique posément : « Pour le bon déroulement de l’audience, vous devez retirer le voile, la justice doit être rendue sereinement. » « On m’interdit le droit de m’exprimer et de me défendre! » s’agite Hind, qui a enfilé une paire de menottes en signe de protestation. « On m’oblige à m’habiller d’une certaine façon alors que je souhaite seulement vivre ma religion! »

 

Les protestations n’y changent rien. Et Hind, habitante d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), verbalisée le 5 mai à Meaux avec Najet, habitante du Val-de-Marne, restera dehors pendant qu’à l’intérieur, selon leur avocat, « c’est la première fois que des femmes verbalisées pour port du niqab sont jugées en France ».

 

Le 5 mai, ces deux jeunes femmes ont apporté un gâteau aux amandes pour fêter les 47 ans de Jean-François Copé, le député et maire (UMP) de Meaux, à l’origine de la loi antiniqab. Une opération de communication menée par Rachid Nekkaz (PS), porte-parole de l’association Touche pas à ma Constitution. Il attend la première amende en France pour saisir la Cour européenne des droits de l’homme.

 

Dans le hall et devant le tribunal, soixante-dix personnes sont venues soutenir leurs « sœurs ». Le commissariat a d’ailleurs dressé onze procès-verbaux à autant de femmes en niqab, venues de région parisienne et de province. Comme Stéphanie, déjà verbalisée à Nice. Ou Kenza, d’Avignon, présidente d’une nouvelle association, Citoyennes de la liberté, qui défend le port du niqab. Toutes ces amendes seront payées par Touche pas à ma Constitution.

 

Les femmes voilées discutent entre elles. Sans se mêler aux hommes pro-niqab, dont certains portent des tee-shirts « Ifesi contre l’islamophobie ». Cet Institut français d’études et de sciences islamiques clame que « chacun est libre de porter ce qu’il souhaite dans la rue ». « Cette loi est à géométrie variable, les Saoudiennes qui font leurs courses sur les Champs-Elysées ne sont pas verbalisées », ironise Rachid Aboufarah, de l’Ifesi.

Les femmes au voile simple ont le visage tendu, s’expriment du bout des lèvres. La plupart ont une vingtaine d’années. Nora, 36 ans, plus prolixe que ses cadettes, veut montrer qu’elle « ne tourne pas le dos aux femmes en niqab. On vit la même religion. Elles veulent se préserver du monde extérieur bestial. Nous voulons toutes transmettre une bonne éducation à nos enfants, sans string ni piercing à l’adolescence, sans langage farfelu et sans tenter les violeurs. Le gouvernement devrait s’occuper de l’échec scolaire plutôt que diviser les Français. »

 

Après l’audience, des musulmans criaient en arabe devant le tribunal : « Allah est grand! » Rachida Benahmed, de Ni putes ni soumises, farouche opposante au niqab, a assisté à l’audience : « Ces musulmans ne représentent que 0,1% de notre communauté et la discréditent. Avec un tel comportement, ils font gagner trois points au Front national. »

 

Le Parisien

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