Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Lettre à Nicolas, victime d'un système infernal

Lettre au prisonnier de la «Manif pour tous»

 

Cher Nicolas,

Nicolas B.

je suis un citoyen français ordinaire. Je n’ai jamais pris part à aucune « manif pour tous ». Je ne suis pas de ton combat. Il me semblait cependant respectable et mené avec une dignité admirable, malgré les quolibets des fats, des imbéciles, des « tolérants » toujours à sens unique. Vous les « veilleurs », en particulier, avaient attiré mon attention par votre candeur et votre humilité, qualités trop rares dans ce terrain putride qu’est devenu la politique pour rester ignoré.

Tout cela importe cependant peu ; une idée m’est chère : une certaine conception de la liberté. Et surtout de la plus précieuse, la plus féconde mais aussi la plus dangereuse et donc la plus mise en danger : la liberté d’expression, et son corollaire, la liberté de manifestation. Il parait que tu n’avais pas demandé l’autorisation. Il parait que tu t’es rebellé. Il parait que tu as refusé de donner ton ADN, que tu as refusé d’être fiché par le Léviathan.

« J’ai honte pour ce gouvernement qui permet, ou ordonne, je ne sais, pareille répression. Je n’oublie pas le précédent, qui a fait voter les lois qui l’ont rendue possible. J’ai honte pour ma patrie. »

Je ne peux rester impassible quand les lois de mon pays, que l’on dit celui des droits de l’homme, permettent d’emprisonner un individu sur de tels motifs. J’ai honte pour les juges qui ont prononcé pareille sentence, j’ai honte pour le parquet qui s’est appuyé sur des lois en partie iniques pour condamner le plus fermement possible un simple manifestant à une peine imméritée, injuste et scandaleuse à l’heure même où les lois ne sont pas appliquées pour les délinquants qui cassent, frappent et volent, où les criminels sont libérés. Il semble que tu sois indigne de l’indulgence désormais légendaire de la Justice française, dont je pensais pourtant qu’elle s’était suffisamment déshonorée… J’ai honte pour ce gouvernement qui permet, ou ordonne, je ne sais, pareille répression. Je n’oublie pas le précédent, qui a fait voter les lois qui l’ont rendue possible. J’ai honte pour ma patrie.

Tout cela n’a certes aucun rapport direct avec ton sort malheureux, et ces considérations te sont peut-être indifférentes, elles t’apparaissent peut-être superficielles dans le désarroi total qui est sans doute le tien, mais je crois qu’il est légitime, pour une fois, de s’indigner. Sache que c’est le cas d’une bonne part du peuple français, qui, bien au delà d’une quelconque histoire de mariage gay, pense que les bornes de l’acceptable sont franchies. Je crois qu’il en serait de même pour n’importe quel défenseur honnête des droits élémentaires.

Je ne connais pas les conditions de ta détention, mais j’ose espérer qu’elles ne correspondent pas à la réputation inqualifiable des prisons françaises, qu’elles respectent une décence minimale, que tu es au moins protégé des voyous que tu risques de côtoyer et que tu vas résister physiquement et psychologiquement à deux mois d’enfermement dont l’incidence sur ton destin doit être la plus minimale possible.

Je me doute bien que, de ta cellule, le message d’un inconnu confortablement installé derrière son ordinateur doit te paraître bien dérisoire. Toutefois, je crois qu’il ne sera pas seul, et qu’additionné à tous les autres il participera à un peu de réconfort précieux. Je te prie donc d’accepter mon soutien chaleureux et te souhaite bon courage.

Tiens bon, Nicolas !

> Vous aussi, envoyez vos messages de soutien à Nicolas.

VN:F [1.9.22_1171]
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :