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Les délires du Maire de Paris...

Les folles idées de Bertrand Delanoë

Tribune libre de Lara Garnier

La place de la République comportait il y a peu des « espaces verts » et des fontaines, qui n’avaient pour autre utilité que d’héberger à l’œil quantité de gens sympathiques, aux métiers variés, allant de la prostitution au vol, en passant par l’amputation de chiots et de vieilles dames à foulard.

Mais cette place fonctionnait. Comme une place. Très grande. Un petit poumon pour Paris. Tout le monde était content.

Puis Bertrand, dans un de ses délires de République bananière, s’est dit : « Ça ne suffit pas. Je dois montrer qui je suis. Faire quelque chose pour ma postérité. Je vais ruiner la place de la République, la défoncer, la retourner de fond en comble. Pendant des mois, les habitants du 10e arrondissement vivront dans la poussière, le bruit – et l’urine (ah, les petits coins intimes offerts par les préfabriqués…). Les avenues alentour subiront quotidiennement le concert réjouissant des klaxons des automobilistes fous de rage. Je vais envoyer de jolis camions tout rouges et très gros qui transporteront les futures dalles de la place (dalles choisies pour être lisses et casse-gueule, sinon, ce n’est pas drôle), bloqueront la circulation et créeront des cratères dans le sol à peine égalisé. La municipale deviendra dingue, les riverains sombreront tous dans la dépendance aux anxiolytiques, des vieilles peaux se fêleront le coccyx, ce sera Byzance pour les PV, et les taxis se suicideront les uns après les autres, mais je m’en fous, parce que moi, Bertrand, j’aurai accompli quelque chose de vraiment phénoménal en matière de nuisance absolue et durable. »

Ce merdier extraordinaire est ainsi décrit, avec le plus grand sérieux, par le site Lavieimmo.com, dans un paragraphe lyrique : « La Place de la République se réinvente dès aujourd’hui. Le chantier mis en place pour une durée d’un an et demi donnera un nouveau visage [on a vu, oui] à la place emblématique pour le printemps 2013. Les travaux entraîneront des changements progressifs pour les automobilistes. »

Passons sur le fait que la place de la République aurait besoin de se « réinventer », ou sur le grotesque euphémisme de la pisseuse de copie qui ose baptiser « changements progressifs » ce que n’importe quel chauffeur normal nommerait cauchemar kafkaïen. Non, ce qui est du dernier navrant, c’est que, pour cet « espace populaire et convivial rendu aux piétons », il aura fallu débourser la modique somme de 17,5 millions d’euros.

Notre maire est un créatif, un vrai. Un Jack Lang en couche-culottes. Quand il voit Rodin, il pense Buren ; devant la Sainte-Chapelle, il songe Paris-Plage. Il s’est mis dans la tête de « réinventer » notre univers, du plus modeste banc parisien, aux quais de Seine (qui n’en demandaient pas tant), et jusqu’à l’intimité des alcôves des Parisiens. Et tant pis si vous n’êtes pas d’accord. Bertrand va vous réinventer la vie, vous enchanter l’univers, vous colorer le transport en commun, parce qu’il est comme ça, Bertrand : il a besoin de jouer. Après tout, ce n’est pas comme si on manquait de structures essentielles à Paris, comme des places de crèches, par exemple .

Qu’on se le dise : en plus d’avoir une idée stupide ou néfaste par heure, notre bon et brave maire de Paris a une obsession pour les capotes. Il pense, ou suppose, ou espère, que les Parisiens s’ébattent comme des lapins. Et que ça le regarde, la façon dont on pourrait s’ébattre.

Et comme c’est un grand seigneur, le Bertrand, il a créé un truc fou, que je viens de découvrir à la fin d’un déjeuner.

Le concept est simple : là où toi, jeune innocent, tu penses ne boire qu’un café, ou une bière, ou simplement manger un croque-monsieur, lui, Bertrand, en visionnaire, voit du cul. Et il aime le cul propre et sans danger, Bertoche.

Alors un matin, il s’est réveillé et il a pensé, comme ça, « Paris plaisirs ! » Oui, parce qu’il aime les gens, Bertrand, et il veut qu’ils aient plaisir là où je pense.

Alors il a eu une autre idée de génie, et il a appelé ça « Café Capote ».

Le résultat, c’est que nos impôts financent le petit cadeau que j’ai reçu à la fin d’un déjeuner dans une brasserie : quand le serveur apporte l’addition, c’est sur un sous-bock marqué « Café Capote ». Et en prime, le serveur est censé t’apporter une capote. Il y a même du gel, avec, et un petit guide à l’intérieur pour t’expliquer, à toi, jeune Parisien, comment tu vas devoir te débrouiller avec tout ça.

Parce qu’à Paris Plaisirs, on ne fait pas les choses à moitié.

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