Les polices du monde entier traquent Luka Rocco Magnotta, un Canadien soupçonné d’avoir tué et dépecé un étudiant chinois à Montréal le 24 mai. Il a fui vers la France il y a une semaine.
DAMIEN DELSENY | Publié le 02.06.2012, 07h46
C’est une chasse à l’homme mondiale qui passe par Paris. Depuis avant-hier, Luka Rocco Magnotta, 29 ans, le tueur-dépeceur de Montréal, fait l’objet d’une notice rouge d’Interpol et d’une attention toute particulière des autorités françaises.
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Sa victime, Jun Lin, est un étudiant chinois de 32 ans qui fréquentait l’université Concordia à Montréal. Il a été vu pour la dernière fois le 24 mai, cinq jours avant la découverte des restes de son corps. Jun Lin et son bourreau se connaissaient. Les deux hommes pourraient avoir entretenu une relation.
Les enquêteurs canadiens ont de leur côté établi que Magnotta avait embarqué à bord d’un vol pour Roissy samedi dernier, sans doute depuis Montréal. Et c’est en France que sa trace disparaît. « Cela ne signifie pas forcément qu’il est toujours ici. La France n’était peut-être qu’une escale pour lui », tempère une source policière. Il n’empêche que, jeudi soir, la Direction de la coopération internationale a adressé un message général pour sensibiliser tous les policiers et gendarmes du pays.
Il change souvent d’identité et d’apparence physique
« C’est une alerte type concernant un fugitif, précise un policier. Dans certains cas, elle est enrichie de possibles points de chute ou de personnes que l’individu recherché peut connaître, ce qui nous permet de faire des vérifications rapides. Mais, là, ce n’est pas le cas. » De tels avis de recherche ou d’appels à témoins au niveau mondial ont déjà porté leurs fruits par le passé. En 2007 et 2008, Interpol avait ainsi retrouvé la trace de deux pédophiles en Thaïlande et aux Etats-Unis.
Pour être sûr que Luka Rocco Magnotta a bien embarqué dans l’avion pour Paris, les autorités canadiennes et françaises peuvent vérifier le Passager Name Record du vol en question. Reste à savoir sous quelle identité Luka Magnotta s’est enregistré.
Le jeune homme, né Eric Clinton Kirk Newman en 1982, a officiellement changé de nom en 2006 pour s’appeler Magnotta. Mais Interpol lui connaît un autre alias, celui de Vladimir Romanov, qui figure aussi sur son avis de recherche. Quant à l’apparence physique du fugitif, là non plus la partie n’est pas simple : « Nous disposons de plusieurs photos avec des coiffures et des couleurs de cheveux différentes, c’est un garçon qui a souvent changé de look », témoigne une source policière. Au Canada, les enquêteurs n’excluent pas non plus qu’il ait pu prendre l’apparence d’une femme aux cheveux longs et ont même fait dresser un portrait-robot de Luka grimé en femme. « On sait qu’il est déjà venu en France en 2010, où il a séjourné à Paris », précise une source judiciaire. Magnotta se serait aussi rendu sur la Côte d’Azur et à Monaco, peut-être en Corse. Il est aussi venu en Angleterre il y a six mois. Depuis avant-hier, les polices de cent quatre-vingt-dix pays disposent en tout cas de son signalement en quatre langues, anglais, français, espagnol et arabe.
« Désormais, il va lui être difficile de se déplacer en avion, à moins de disposer de faux papiers. Mais il peut errer à travers l’Europe. Le plus dur, pour nous,
c’est d’accrocher un lieu ou une personne chez laquelle il sait qu’il peut se réfugier », témoigne un policier. D’autant que Magnotta a par le passé tenu un blog où il avait écrit un article
intitulé : « Comment disparaître complètement et n’être jamais retrouvé ». Les polices
mondiales ont désormais pour défi de le contredire.
VIDEO. EN 2007, Luka Rocco Magnotta se présentait à une audition d'une émission de téléréalité CoverGuy
Le Parisien