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Ce sera du mitonné...

la-france

Robert
Ménard
Journaliste.
Fondateur de Reporters sans frontières.

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300.000 manifestants comme l’affirme la préfecture de police – et le journal Le Monde qu’on a connu plus critique face aux chiffres officiels… – ou 1,4 million selon les organisateurs ? C’est loin d’être l’essentiel, même si l’on peut s’interroger sur le sérieux et la crédibilité d’un ministre, Arnaud Montebourg en l’espèce, qui, lui, parle d’une « poignée de manifestants »

Ne nous focalisons pas sur cette polémique récurrente. Pas plus d’ailleurs sur les incidents qui ont émaillé le rassemblement. Et l’utilisation pour le moins disproportionnée du gaz lacrymogène contre des manifestants simplement venus dire, dans leur immense majorité, leur exaspération de n’être pas seulement ignorés mais méprisés.

Et comment ne pas les approuver quand on entend Manuel Valls, d’habitude mieux inspiré, se contenter d’un « il y a une mobilisation forte, mais il y a une majorité forte pour le mariage homosexuel » en forme d’épilogue. À croire qu’il est devenu, comme ses collègues, aveugle à l’exaspération qui gagne le pays, sourd aux inquiétudes qui taraudent les Français.

On ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé ce dimanche, avenue de la Grande-Armée à Paris. On ne peut faire l’impasse sur un mécontentement qui va bien au-delà du « mariage pour tous ». On ne peut ignorer la colossale impopularité du chef de l’État.

En 1984, François Mitterrand avait su prendre acte de la mobilisation en défense de l’école libre. Faute de le faire aujourd’hui dans cette affaire de mariage gay, le chef de l’État joue avec le feu, s’exposant à ce que les revendications, les peurs, les angoisses des uns et des autres ne viennent se coaguler dans un vaste mouvement de rejet de sa politique et de sa personne.

Les Français se sentent menacés dans leur quotidien par un chômage qui semble impossible à juguler, par les mesures envisagées en matière de retraite ou d’allocation familiale. Ils se sentent agressés par un discours au seul service de minorités, de lobbies et d’une immigration vécue, à juste titre, comme une menace pour ce qu’ils sont, ce qu’ils croient, ce à quoi ils sont viscéralement attachés. Ils finissent de perdre le peu de confiance qu’ils avaient encore dans une classe politique dont, jour après jour, ils découvrent, accablés, la médiocrité, le sans-gêne, l’irresponsabilité, les passe-droits, la cupidité.

Les Français n’en peuvent plus. Ils l’ont dit pour certains ce dimanche. Les autres n’en pensent pas moins.

Robert Ménard, le 25 mars 2013
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